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Max Göldi est arrivé cette nuit à Zurich

Max Göldi a atterri à Zurich en compagnie de Micheline Calmy-Rey.
Max Göldi a atterri en Suisse en compagnie de Micheline Calmy-Rey.
C'est la fin du cauchemar pour Max Göldi. Il a atterri à l'aéroport de Zurich lundi matin vers 01h20 après avoir pu quitter Tripoli dimanche soir. Accueilli par sa famille, il a salué la presse mais n'a fait aucune déclaration. Au total, il a été retenu 695 jours en Libye.

Max Göldi était accompagné à sa descente d'avion par Micheline Calmy-Rey avec qui il s'était envolé deux heures plus tôt de Tunis, où il avait fait escale. Le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos était également présent à Zurich, a constaté un photographe de l'AFP.

Avant son départ pour Zurich, l'homme d'affaire suisse avait indiqué être "heureux de retrouver la liberté après deux années très difficiles vécues comme un cauchemar".

Heureux de partir

Interrogé par l'agence de presse italienne Ansa juste avant de quitter Tripoli à bord d'un vol de ligne, Max Göldi s'était déclaré "heureux de partir" de Libye. Il a affirmé qu'il ne retournerait "plus jamais" au pays de Mouammar Kadhafi. Quant aux quatre mois passés en détention, "ça a été des mois très durs", a-t-il affirmé, sans autre commentaire.

Des retrouvailles pleines d'émotion sur le tarmac zurichois.
Des retrouvailles pleines d'émotion sur le tarmac zurichois.

Cheveux bien peignés, vêtu d'une chemise blanche et d'un élégant complet gris, l'homme d'affaires alémanique est apparu souriant et détendu. La première chose qu'il souhaite faire à son retour en Suisse sera d'"aller à la maison", a-t-il dit. "Je suis ici depuis 23 mois", a-t-il rappelé. L'ex-otage suisse a rendu hommage à l'entreprise ABB, qui l'a "toujours soutenu". Et d'ajouter qu'il entend "recommencer à travailler" pour elle.

Accord et excuses pour les photos

Après l'annonce du départ de Tunis pour la Suisse, Micheline Calmy-Rey a déclaré que "nous sommes soulagés et nous nous réjouissons avec Max Göldi et sa famille", selon un communiqué du DFAE. Elle a également remercié explicitement l'Espagne et l'Allemagne pour leur médiation dans cette affaire, une aide "qui va bien au delà de ce qu'on peut attendre même de pays amis". Avant de le retrouver à Tunis, la conseillère fédérale avait déjà pu saluer Max Göldi à Tripoli, alors qu'il allait monter à bord du vol de ligne pour Tunis.

Dans la capitale libyenne, elle a auparavant signé un accord qui doit permettre d'engager la "normalisation" des relations entre la Suisse et la Libye. Micheline Calmy-Rey a également rencontré le colonel Mouammar Kadhafi dimanche en fin de journée. Le chef du gouvernement italien Silvio Bersluconi était présent.

Tribunal d'arbitrage

Le plan d'action signé dimanche stipule notamment la constitution d'un "tribunal d'arbitrage" pour enquêter sur les circonstances de l'arrestation d'Hannibal Kadhafi, fils de Mouammar Kadhafi, en juillet 2008 à Genève. Hannibal Kadhafi et sa femme étaient accusés de maltraitance par leurs deux domestiques. Ce "tribunal d'arbitrage", qui aura lieu à Berlin, a déjà fait l'objet d'un accord entre Tripoli et Berne, mais les deux pays ne s'étaient pas entendus jusque-là sur son application.

Micheline Calmy-Rey et son homologue libyen Mousa Kousa. [keystone]
Micheline Calmy-Rey et son homologue libyen Mousa Kousa. [keystone]

Selon ce plan, la Suisse exprime par ailleurs ses "excuses" après la "publication illégale" des photos d'identité d'Hannibal Kadhafi au moment de son arrestation. Ces clichés avaient été publiés le 4 septembre 2009 dans la Tribune de Genève. Berne s'engage à poursuivre en justice les responsables de cette fuite.

Les autorités libyennes ont affirmé dans la soirée qu'Hannibal avait reçu une indemnité de 1,5 million d'euros par le canton de Genève pour la publication de ces clichés. Dans un communiqué diffusé lundi, le Conseil d'Etat genevois a démenti "catégoriquement" avoir versé une indemnité financière à la famille Kadhafi. La somme a été promise si l'auteur de la fuite qui a permis cette publication n'est pas démasqué et traduit devant la justice

Le gouvernement genevois a par ailleurs pris acte "de la confirmation de la constitution d'un tribunal arbitral". Il attend son interprétation "du déroulement des faits survenus en juillet 2008", lors de l'arrestation d'Hannibal Kadhafi dans un palace genevois "et de leur légalité en regard du droit suisse et international".

Retenu près de 700 jours

Max Göldi a été libéré jeudi après avoir purgé une peine de prison de quatre mois pour "séjour illégal". Au total, il a été retenu 695 jours en Libye. Employé d'ABB, il avait été arrêté le 19 juillet 2008 avec un autre Suisse, Rachid Hamdani, à la suite de l'arrestation d'Hannibal, quelques jours auparavant à Genève. Après 53 jours de prison, les deux hommes avaient été libérés mais interdits de quitter le territoire libyen.

Ils s'étaient alors réfugiés à l'ambassade de Suisse à Tripoli. Rachid Hamdani, également citoyen tunisien, a pu quitter la Libye le 23 février dernier. Le même jour, Max Göldi a dû se rendre aux autorités libyennes afin de purger sa peine de prison.

Cette affaire a plombé les relations entre la Suisse et la Libye. En réaction à la détention de ses deux ressortissants, considérés comme des "otages" par Berne, la Suisse avait décidé en 2009 de restreindre pour l'élite libyenne l'attribution de visas permettant d'accéder aux pays de l'espace Schengen - dont elle est membre associé -, impliquant ainsi l'UE dans le contentieux.

Tripoli avait répliqué en février en annonçant des restrictions de visas à l'encontre des ressortissants des pays de l'espace Schengen, provoquant la colère de plusieurs capitales européennes et finalement une médiation de Bruxelles.

ats/nr

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Joie et soulagement de la famille Göldi

Une joie indescriptible. C'est en ces termes que la famille de Max Göldi a réagi après son retour en Suisse. Parmi toutes les personnes qu'elle a tenu à remercier pour leur engagement, elle a fait une place "spéciale" à Micheline Calmy-Rey.

Les proches de Max Göldi se disent "plus qu'heureux qu'il soit à nouveau parmi nous et qu'il puisse maintenant se remettre au sein de sa famille et dans le calme de toutes les fatigues accumulées", écrivent-ils dans un communiqué.

Ils remercient aussi particulièrement le personnel de l'ambassade de Suisse à Tripoli. "Au cours des quatre derniers mois en particulier, les nouvelles qu'ils nous ont régulièrement données sur la vie quotidienne de Max nous ont rendu cette période difficile plus supportable".

"Le soutien d'Amnesty International a également été impressionnant", écrit la famille, soulignant que les actions d'AI ont été un soutien moral important.

La famille remercie aussi ABB, l'employeur de Max Göldi, et se dit impressionnée de la manière dont l'entreprise a pris ses responsabilités.

Quant à ABB, l'entreprise écrit dans un communiqué qu'elle "se réjouit pour lui et pour sa famille" que Max Göldi soit de retour. Elle remercie le gouvernement suisse, et plus particulièrement Micheline Calmy-Rey, ainsi que l'Union européenne, et notamment l'Espagne et l'Allemagne.

Rachid Hamdani critique sévèrement Genève

Rachid Hamdani, compagnon d'infortune de Max Göldi en Libye, a sévèrement critiqué les autorités genevoises pour leur indifférence à son égard dans l'émission Infrarouge de la TSR.

Egalement citoyen tunisien, le Vaudois n'a jamais reçu de message de soutien de la part du gouvernement genevois lors de son long calvaire dans le pays de Mouammar Kadhafi, a-t-il dénoncé dimanche soir.

L'intervention musclée des policiers genevois contre Hannibal Kadhafi en juillet 2008 est pourtant à l'origine de la crise, selon Rachid Hamdani.