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Suisse-Libye: normalisation recherchée

Micheline Calmy-Rey a remercié ses partenaires européens. [Keystone]
Micheline Calmy-Rey a remercié ses partenaires européens. - [Keystone]
La Suisse veut "normaliser" ses relations avec Tripoli, après le retour dans la nuit de dimanche à lundi du dernier des deux hommes d'affaires helvétiques retenus en Libye, a déclaré Micheline Calmy-Rey lundi à Berne.

"Le travail n'est pas encore terminé. Nous voulons normaliser les relations bilatérales" avec la Libye, a indiqué la chef de la diplomatie helvétique lors d'une conférence de presse. "Tout le volet sur la normalisation des relations avec la Libye va s'ouvrir", a souligné Micheline Calmy-Rey, ajoutant qu'une première réunion était prévue vendredi à Madrid.

Selon la ministre, la Suisse veut "regarder vers le futur et voir comment normaliser les relations dans tous les domaines". Elle a cependant admis que les négociations sur la libération des deux hommes d'affaires suisses -- Rachid Hamdani et Max Göldi -- avaient pris "beaucoup plus de temps que prévu". Elle a également indiqué que la Libye "a aussi la volonté (...) de terminer cette situation".

Compensation financière

Concernant une éventuelle indemnisation de 1,5 million d'euros versés au fils du leader libyen Mouammar Kadhafi, Hannibal, pour la publication de ses photos d'identité dans la presse suisse, la ministre a indiqué qu'"une compensation est effectivement prévue" mais n'a pas mentionné de somme.

La famille du dirigeant libyen recevra bien une compensation. [Keystone]
La famille du dirigeant libyen recevra bien une compensation. [Keystone]

Le ministre libyen des Affaires étrangères Moussa Koussa "a parlé de compensation (...). Il n'a pas mentionné de chiffre", a-t-elle précisé. Dans un communiqué diffusé lundi, les autorités du canton de Genève ont démenti "catégoriquement" avoir versé une indemnité à la famille Kadhafi.

La libération de Max Göldi est le résultat d'efforts entrepris depuis des mois et de longues négociations, a souligné Micheline Calmy-Rey. La diplomatie a travaillé dans des conditions extrêmes, a déclaré lundi la ministre des affaires étrangères. Selon elle, la libération de Max Göldi n'est pas le fruit d'un hasard ou du destin.

"Je suis fière de l'engagement de mon département", a dit la conseillère fédérale devant la presse, soulignant que la Suisse ne laissait jamais tomber un citoyen suisse à l'étranger. La priorité a été mise sur l'aspect humain de l'affaire. Désormais, "le temps du soulagement est venu", a-t-elle ajouté, en se réjouissant que Max Göldi ait pu rejoindre sa famille. Pendant deux ans, les sentiments d'espoir et d'insécurité se sont mêlés aux doutes et aux attentes.

Remerciements

Micheline Calmy-Rey a tenu lundi à remercier tous ceux qui ont contribué à la libération de Max Göldi. La conseillère fédérale a remercié devant la presse tous les collaborateurs de son département et notamment le chargé d'affaires dans la capitale libyenne.

Micheline Calmy-Rey a notamment remercié Silvio Belusconi. [Keystone - -]
Micheline Calmy-Rey a notamment remercié Silvio Belusconi. [Keystone - -]

Elle a aussi exprimé sa gratitude envers l'Union européenne, notamment ses collègues allemand et espagnol ainsi que le premier ministre italien Silvio Berlusconi. "Ils ne nous ont jamais laissé tomber", a-t-elle dit soulignant que la Suisse avait beaucoup d'amis. Micheline Calmy-Rey a en outre remercié ses collègues du Conseil fédéral, en particulier Hans-Rudolf Merz "qui a donné beaucoup de sa personne".

L'Union européenne, l'Allemagne et l'Espagne ont de leur côté salué lundi la sortie de Libye de Max Göldi. Berlin a espéré que cette libération permette une "détente" des relations entre la Suisse et la Libye. "Nous nous réjouissons avec nos amis suisses de ce que Max Göldi ait enfin été libéré de prison, après des mois d'incertitude, et qu'il ait pu regagner la Suisse", a déclaré le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle. Selon lui, il "allait de soi" que Berlin participe aux efforts de médiation dans cette affaire, au côté de l'Espagne.

Son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne, n'a de son côté pas caché la complexité des négociations. "Ca a été difficile", a-t-il affirmé, rappelant que les négociations avaient été "discrètes, intensives et efficaces". Saluant la "bonne nouvelle" de la libération de Max Göldi, la Haute représentante de l'UE pour la politique extérieure Catherine Ashton a de son côté rendu hommage à l'engagement de Madrid.

agences/cab

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Laconique réaction de Hans-Rudolf Merz

Le conseiller fédéral Hans-Rudolf Merz "se réjouit pour Max Göldi et sa famille que Max Göldi soit de retour en Suisse", a indiqué lundi son porte-parole Daniel Saameli, interrogé par l'ATS.

Le ministre des finances n'a pas souhaité faire d'autre déclaration.

En août 2009, alors qu'il était président de la Confédération, Hans-Rudolf Merz s'était rendu en Libye pour tenter d'obtenir la libération des deux ressortissants suisses, mais son entreprise avait échoué.

Les partis veulent examiner la gestion de la crise

Après la libération de Max Göldi, le regard des partis se tourne vers le Conseil fédéral: la lumière doit être faite sur toute l'affaire, réclament autant la gauche que la droite. Personne jusqu'ici ne demande de démission au gouvernement.

"Le Conseil fédéral doit reconnaître ses erreurs", a déclaré à l'ATS le secrétaire général de l'UDC Martin Baltisser. La voie diplomatique choisie par la Suisse a échoué, estime le parti, qui en impute la responsabilité à la socialiste Micheline Calmy-Rey et au libéral-radical Hans-Rudolf Merz.

Les Verts et le PBD vont dans le même sens: ils demandent une analyse du voyage en Libye du président de la Confédération d'alors, Hans-Rudolf Merz.

Pour le PLR, Micheline Calmy-Rey et son département sont les premiers concernés.

Le PDC se fait moins accusateur: "Beaucoup de pays ont eu des problèmes avec la Libye", relativise le secrétaire général Tim Frey. Aussi, pour le PDC, les événements survenus à Genève sont primordiaux: "Comment la photo d'Hannibal Kadhafi est-elle parvenue à la presse?", demande-t-il.

Le PBD, les Verts et le PLR réitèrent d'ailleurs leurs exigences sur un examen de l'arrestation de ce dernier et de son épouse.