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Genève n'interdira pas à Hannibal Kadhafi de revenir

Hannibal Kadhafi aux cotés de Max Göldi lors d'une rencontre en mars dernier. [REUTERS - � STR New / Reuters]
Hannibal Kadhafi aux cotés de Max Göldi lors d'une rencontre en mars dernier. - [REUTERS - � STR New / Reuters]
Le Grand Conseil a débattu à huis clos vendredi soir sur une motion du MCG qui demandait qu'Hannibal Kadhafi soit déclaré persona non grata dans le canton et en Suisse. Le texte a été sèchement rejeté.

Il n'y a pas eu de déballage public à Genève sur l'affaire Kadhafi. Le huis-clos contre lequel seul le Mouvement Citoyens Genevois (MCG) s'est opposé a duré moins de cinq minutes. La motion a été refusée à l'unanimité moins une abstention, a indiqué à l'ATS le libéral Renaud Gautier à l'issue du débat.

Le MCG en protestation contre ce huis clos a quitté la salle, a expliqué Eric Stauffer, président du MCG et auteur de la motion. Aucun député n'a voulu commenter le contenu de la discussion.

Eviter "de nouvelles déclarations inadéquates"

Dans un communiqué, le président PDC du Grand Conseil Guy Mettan a souligné que la majorité des partis du Grand Conseil a "estimé que le prix humain et politique payé dans cette affaire était suffisamment lourd. La majorité a donc voulu éviter que de nouvelles gesticulations publiques ou des déclarations inadéquates viennent compromettre la recherche d'une solution à la crise".

Guy Mettan a également fait une déclaration publique à la tribune, perturbée par les sifflets et invectives des députés du MCG en colère. Il a aussi souligné sa sympathie à l'égard des otages et a rappelé les démarches des personnalités genevoises parallèlement aux efforts diplomatiques pour trouver une issue positive à la crise.

Le MCG veut donner suite au huis clos

Interrogé samedi dans le "12h30" de la Radio suisse romande, l'avocat du MCG Mauro Poggia a déclaré étudier la possibilité d'un recours au Tribunal fédéral contre la décision de huis-clos: "On nous a empêchés de parler", a-t-il estimé.

Eric Stauffer préside le Mouvement Citoyens genevois.
Eric Stauffer préside le Mouvement Citoyens genevois.

Dans la même émission, le président PDC du Grand Conseil Guy Mettan a estimé qu'une telle démarche est "une nouvelle gesticulation n'ayant aucune chance d'aboutir". Le huis clos a été demandé dans les formes, selon lui.

Plusieurs projets de plaintes

Eric Stauffer a déposé vendredi une plainte pénale sous forme de dénonciation pour prise d'otages avec demande de rançon, menaces et chantage. Pour le MCG, l'accord conclu avec la Libye s'apparente au versement d'une rançon et tombe sous le coup du Code pénal suisse qui prévoit que "celui qui aura séquestré, enlevé une personne ou de toute autre façon s'en sera rendu maître, pour contraindre un tiers à faire, à ne pas faire ou à laisser faire un acte, celui qui, aux mêmes fins, aura profité d'une prise d'otage commise par autrui, sera puni d'une peine privative de liberté d'un an au moins". Le Code pénal prévoit en outre qu'"est également punissable celui qui aura commis l'infraction à l'étranger", relève le MCG.

De son côté, Christoph Blocher a indiqué à 24 heures qu'il envisageait également de porter plainte contre les Kadhafi. "A l'UDC, nous envisageons de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU à propos de la prise d’otage dont s’est rendue coupable la Libye. Nous envisageons aussi d’exiger que la Suisse rompe toute relation diplomatique avec la Libye", a-t-il déclaré.

La Suisse est aussi actuellement en train d'examiner si elle peut engager une procédure contre Tripoli pour enlèvement devant une instance internationale, a indiqué Micheline Calmy-Rey dans une interview au 20 minuten online. La procédure envisagée par Berne concerne l'enlèvement de Rachid Hamdani et Max Göldi l'automne dernier.

ats/bri

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