"Nous parlons ici d'une crise exceptionnelle", a déclaré la cheffe de la diplomatie suisse dans une interview aux quotidiens alémaniques Tages-Anzeiger et Bund.
"Réfléchir à des possibilités non-conventionnelles fait partie du processus", a-t-elle ajouté. "Nous devons toujours examiner toutes les options." "Si nous ne le faisions pas, on nous le reprocherait", a encore souligné la ministre. Micheline Calmy-Rey n'a pas voulu s'exprimer à ce sujet dans l'interview de manière plus précise.
Silence de toutes parts
Vendredi, le porte-parole du Conseil fédéral André Simonazzi a également refusé de commenter ces informations. Le président de la sous-commission de gestion du Conseil des Etats Peter Briner (PLR/SH) a adopté le même profil. Revenant sur une information de la Radio alémanique DRS, il a répété samedi que la sous-commission se pencherait sur tous les aspects de cette affaire, y compris d'éventuels projets de libération par la force.
Le ministre des finances Hans-Rudolf Merz doit notamment être entendu par la sous-commission jeudi. Des auditions de membres de l'administration et de la diplomatie impliqués dans l'affaire sont prévues jusqu'en automne.
Entre deux et quatre tentatives
La Suisse aurait essayé à deux reprises, voire quatre, de faire libérer ses deux ressortissants retenus pendant près de deux ans en Libye par divers plans d'exfiltration, finalement abandonnés car trop dangereux. Dans deux cas, un mandat militaire a été délivré par le Conseil fédéral, selon la RTS.
Une première tentative aurait consisté, au début de la rétention des deux hommes d'affaires suisses Max Göldi et Rachid Hamdani arrêtés en juillet 2008 et réfugiés au Consulat helvétique de Tripoli, à les faire sortir du pays avec l'avion de l'ambassadeur de Suisse en Libye, selon la Tribune de Genève.
Une exfiltration vers l'Algérie aurait par la suite été préparée en décembre 2008, mais abandonnée car les conditions posées par Alger -- le renvoi d'opposants politiques algériens réfugiés en Suisse -- avaient été refusées par Berne. Une troisième tentative aurait consisté à sortir les deux hommes d'affaires via le Niger et une quatrième par la mer en utilisant un sous-marin, a poursuivi le journal.
La détention des deux ressortissants suisses en Libye s'est terminée dans la nuit de dimanche à lundi, avec le retour de Max Göldi en Suisse. Rachid Hamdani avait déjà été libéré en février.
agences/bri
Berne et Tripoli ont choisi leur juge
La Suisse et la Libye ont déjà choisi leur juge respectif pour la procédure d'arbitrage dans l'affaire Kadhafi mais doivent confirmer leur nom, a indiqué vendredi le représentant espagnol à la réunion quadripartite de Madrid. Le processus doit être lancé d'ici une semaine à Berlin.
Les deux juges auront 30 jours pour nommer le troisième arbitre et ces trois personnes auront ensuite 60 jours pour prendre leurs décisions sur l'arbitrage final.
La ministre de la justice Eveline Widmer-Schlumpf a de son côté estimé que le comité des droits de l'homme de l'ONU serait l'organe adéquat pour surmonter la crise des otages avec la Libye. Un examen du comportement de la Libye pourrait être suggéré au comité onusien, a déclaré la Grisonne à la radio alémanique DRS samedi.
Aide de l'Espagne par amitié
Le roi d'Espagne Juan Carlos s'est lui aussi engagé dans les efforts de médiation de son pays pour dénouer la crise des otages avec la Libye. L'ambassadeur d'Espagne en Suisse Fernando Riquelme l'affirme dans une interview parue samedi dans la Mittelland Zeitung.
La médiation espagnole a été un soutien bilatéral et pas un engagement de l'UE. L'aide n'a pas été le fruit d'un marchandage mais celui de l'amitié entre l'Espagne et la Suisse, précise Fernando Riquelme.
La médiation espagnole remonte à une visite en Suisse du ministre des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos, en octobre dernier. Ce dernier a offert ses services parce que ses contacts lui permettent d'ouvrir des portes en Libye, explique le diplomate en poste à Berne.
L'ambassadeur nie que l'Espagne, qui préside l'Union européenne, ait été mise sous pression par d'autres Etats membres en raison des restrictions de visas dans l'espace Schengen demandées par la Suisse et qui visaient de hauts responsables libyens. Ce fait, qui a certes joué un rôle, n'était pas encore d'actualité au début des efforts de médiation.