Après avoir été informé début février de la planification d'une action de libération des otages, le Conseil fédéral a demandé un rapport aux chefs du Département fédéral des affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey, et du Département de la défense, Ueli Maurer.
Ce document devait montrer "qui était informé de ces actions, dans quelle mesure et qui avait donné les ordres d'engagement ou d'abandon pour ces actions", a déclaré la conseillère fédérale.
Le gouvernement a reçu ce rapport le 15 février. Dans la foulée, Doris Leuthard a demandé un "avis de droit sur la légalité de ces actions". Le Conseil fédéral a discuté du rapport le 22 mars. Et en conclusion, il a estimé "juste que les services responsables envisagent de telles actions lorsqu'il y a prise d'otage." Il a toutefois sommé les départements concernés de s'assurer à l'avenir d'impliquer le Conseil fédéral "à temps des prises de décision".
Doris Leuthard n'a pas souhaité donner plus de détails concernant ces conclusions. "Par égard pour les otages, cette décision ainsi que les documents s'y rapportant ont été classifiés secrets", a-t-elle expliqué.
Pour rappel, Hans-Rudolf Merz, alors président de la Confédération, a effectué un voyage en Libye en août 2009 au cours duquel il a présenté les excuses de la Suisse. On ignore encore s'il était informé des projets d'exfiltration des otages à ce moment-là.
Indiscrétions condamnées
Parallèlement, le Conseil fédéral a condamné "avec la plus grande vigueur" les indiscrétions survenues dans la presse la semaine passée, qui relèvent selon lui du droit pénal. "Il s'agit de faits soumis au domaine du secret", a déclaré Doris Leuthard.
En raison de ces fuites, le Conseil fédéral s'est vu "dans l'obligation de prendre position" sur la planification d'une action de libération de Rachid Hamdani et Max Göldi. Les dizaines de journalistes présents dans la salle ce lundi n'ont pas été autorisés à poser de questions.
agences/boi
Réactions surprises au National
Des membres de la Commission de la politique de sécurité du National se sont dits surpris par la déclaration du Conseil fédéral.
Ils en concluent qu'une action militaire n'a pas seulement été envisagée, mais était imminente.
"Je suis surpris", a indiqué lundi le président de la Commission de la politique extérieure du Conseil national, Jakob Büchler (PDC/SG).
Jusqu'ici, le démocrate-chrétien était parti du principe qu'une telle action avait uniquement été examinée.
Mais le fait que Doris Leuthard parle d'"ordres d'engagement" montre qu'il ne s'agissait pas seulement d'une réflexion, a-t-il relevé.
Ulrich Schlüer (UDC/ZH) a pour sa part noté que l'évocation d'un "ordre d'engagement" vient contredire les explications que Micheline Calmy-Rey a donné pratiquement en même temps devant la Commission de politique extérieure, dont il fait aussi partie.
Selon lui, Mme Calmy-Rey a dit dans ce cadre qu'une exfiltration avait été examinée lors de l'évaluation de différentes possibilités, ce qui "n'est pas du tout la même chose".