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Projets d'exfiltration des otages cachés à Ueli Maurer

Ueli Maurer n'aurait pas été informé par ses propres services.
Ueli Maurer n'aurait pas été informé par ses propres services.
Ueli Maurer n'aurait été informé des projets d'exfiltration des otages suisses en Libye qu'un an après son entrée en fonction. La RSR révèle ce mardi soir que ce n'est qu'en février dernier, comme le reste du Conseil fédéral, que le chef du DDPS a été mis au courant de ces projets d'exfiltration.

Tout  indique qu'Ueli Maurer a été laissé dans le noir par la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey, mais aussi par ses propres services. Le chef de l’armée, André Blattmann, ne pouvait en effet pas ignorer ces projets entamés sous le règne de Samuel Schmid.

Ainsi, lorsqu'Ueli Maurer entre en fonction début 2009, la transmission d'informations ne se fait pas, même via sa nouvelle collègue Micheline Calmy-Rey. Ce n'est qu'à la faveur d'une recommandation faite par la délégation des commissions de gestion fin 2009 que le Conseil fédéral est informé de ces projets.

Et alors que la déclaration de Doris Leuthard ce lundi laissait entendre que le Département de la défense et le Département fédéral des affaires étrangères avaient informé ensemble le collège en février 2010, la RSR a appris aujourd'hui de sources proches du dossier qu'Ueli Maurer avait lui-même été mis au courant des détails des projets d'exfiltration menés par le DFAE à ce moment-là seulement.

Le Conseil fédéral a envisagé d'envoyer les troupes spéciales de l'armée suisse en Libye. [KEYSTONE - KARL MATHIS]
Le Conseil fédéral a envisagé d'envoyer les troupes spéciales de l'armée suisse en Libye. [KEYSTONE - KARL MATHIS]

Les parlementaires en premier

Cela signifierait que le chef de l'armée n'aurait pas informé son ministre des projets menés par le DRA10 (forces spéciales de l'armée suisse), projets qu'il ne pouvait ignorer. Ueli Maurer n'aurait pas été informé non plus par les unités elles-mêmes, qui pourtant communiquaient avec la délégation des commissions de gestion du parlement, comme le confirme son communiqué d'aujourd'hui. Mais ces communications se situaient au niveau des unités et n'ont donc jamais impliqué le chef du département Ueli Maurer.

RSR /Pascal Jeannerat

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Dysfonctionnements mis en évidence

Ces révélations montrent un problème interne au Département de la défense, et un problème au Département des affaires étrangères. On savait déjà que la planification d'opérations d'exfiltration aurait nécessité - selon la délégation des commissions de gestion qui se réfère à l'ordonnance concernant l'engagement de la troupe pour la protection de personnes et de biens à l'étranger - un feu vert du Conseil fédéral. On peut donc conclure qu'avec l'arrivée d'Ueli Maurer dès 2009, l'action de Micheline Calmy-Rey a été encore plus solitaire qu'en 2008, puisque le ministre de la Défense a été tenu à l'écart des opérations.

Pascal Jeannerat