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Valais: pas de répit pour Bernard Rappaz

Le chanvrier valaisan avait déjà obtenu une quinzaine de "congé" en mai dernier.
Le chanvrier valaisan avait déjà obtenu une quinzaine de "congé" en mai dernier.
Malgré sa grève de la faim, le chanvrier valaisan Bernard Rappaz ne sortira pas de prison. Ainsi en a décidé la conseillère d'Etat socialiste Esther Waeber-Kalbermatten qui a rejeté mercredi une demande d'interruption de peine de l'agriculteur de Saxon pour raison de santé. Il purge une peine de cinq ans et huit mois de réclusion pour trafic de chanvre.

Après avoir bénéficié d'une interruption de peine en 2002, Bernard Rappaz avait purgé le solde de sa peine sans entamer une nouvelle grève de la faim, a communiqué la directrice du Département valaisan de la sécurité, des affaires sociales et de l'intégration.

"En 2010, il refuse de saisir la chance qui lui fut accordée de reconsidérer l'ensemble de sa situation personnelle et familiale. Au contraire, il s'est livré à un deuxième jeûne de protestation dès sa réincarcération", souligne la conseillère d'Etat pour motiver sa décision.

Une pression inadmissible sur la justice

Parallèlement à son jeûne de protestation, Bernard Rappaz a édicté des directives anticipées excluant toute intervention médicale dictée par son état de santé et a déposé une demande d'interruption de peine pour une raison médicale touchant son état de santé.

Aux yeux de la ministre, cette démarche constitue un "abus de droit que la loi ne protège pas". "Il appartient à Bernard Rappaz de cesser son jeûne de protestation ou encore d'accepter une intervention médicale pour éviter de mettre sa santé en péril", relève le communiqué.

Le chanvrier, qui avait obtenu un "congé" de 15 jours pour se remettre de sa grève de la faim, est retourné en prison le 21 mai dernier. Il a aussitôt repris son jeûne et entamé une grève de la soif de quelques jours pour protester contre une interdiction de téléphoner.

Une fois mais pas deux

Critiquée pour lui avoir accordé un congé, Esther Waeber-Kalbermatten a par la suite déclaré dans les médias que si Bernard Rappaz devait recommencer sa grève de la faim et refuser toute réanimation, elle respecterait sa volonté et le laisserait mourir.

L'irréductible chanvrier estime que les 5 ans et 8 mois de réclusion qui lui ont été infligés pour trafic de chanvre et pour des délits économiques sont trop lourds et voudrait pouvoir bénéficier d'un régime de semi-liberté avant la moitié de sa peine.

ap/ats/jeh

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Recours probable

L'avocat du chanvrier valaisan, Me Aba Neeman, a indiqué qu'il déposera probablement un recours contre cette décision auprès du Tribunal cantonal.

Selon lui, son client, est toujours aussi déterminé à poursuivre sa grève de la faim.

Alimentation forcée en question

Esther Waeber-Kalbermatten s'appuie notamment sur les directives médico-éthiques de l'Académie suisse des sciences médicales pour justifier sa décision.

Des directives qui stipulent, entre autres, que le médecin doit absolument respecter les directives anticipées établies par le détenu.

En matière de grève de la faim, la Cour européenne des droits de l'Homme a, elle aussi, dégagé une règle qui stipule qu'il est permis de nourri de force le détenu s'il "risque de subir des dommages de nature permanente".

L'alimentation forcée est même obligatoire "s'il existe un danger manifeste pour la vie de l'intéressé".

La règle stipule encore que "l'appréciation des conditions précitées est réservée au médecin compétent, mais une décision d'alimenter une personne de force ne peut être mise en oeuvre qu'après l'obtention de l'autorisation judiciaire".