Un conseiller très coûteux au service de l'armée
Le chef de l'armée André Blattmann a employé au prix fort un conseiller externe en informatique. La facture se monte à 740'000 francs, selon une information de la TSR. De plus, ce mandat aurait dû faire l’objet d’un appel d’offre. Le DDPS reconnaît les faits et le contrat vient d'être dénoncé.
A l'image de son patron Ueli Maurer, André Blattmann, le chef de l’armée, répète depuis plusieurs mois que son département manque de moyens. Or la TSR a découvert que le commandant de corps s'est octroyé les services d'un conseiller externe plutôt coûteux.
Pour preuve, une facture établie pour le mois de janvier 2010 et contresignée de la main d'André Blattmann qui se monte à 50'000 francs. Cette somme concerne les services d'un seul et unique conseiller, un indépendant, qui possède avec sa femme sa propre SàRL dans la région d’Aarau. Son travail: épauler le chef de l'armée en matière de gestion et d’informatique en lisant des dossiers, en participant à des séances ou encore en rédigeant des rapports.
Les factures s’enchaînent depuis novembre 2008 et elles ont atteint, pour l'ensemble de l'année 2009, 430’000 francs, soit l’équivalent du salaire d’un conseiller fédéral. Au total, 740'000 francs ont été versés par le Département de la défense entre les années 2008 et 2010.
Pas d’appel d’offre
Qui plus est, le mandat a été attribué sans appel d’offre. La loi sur les marchés publics, qui reprend les règles de l’OMC, impose pourtant une telle procédure dès que le seuil des 250'000 francs est franchi. Les services d’André Blattmann reconnaissent l’erreur (consulter le fac-similé de la réponse du DDPS). Un avis de droit interne demandé par le chef de l’armée a d’ailleurs conduit à une résiliation du contrat avec effet au 30 juin 2010.
Pour le DDPS, cet engagement représente «une solution non-conventionnelle à un problème non-conventionnel qui a permis des économies dépassant plusieurs fois les coûts de l’engagement». Confronté aux graves problèmes informatiques de l’armée, André Blattmann a engagé le consultant en question car il avait confiance en lui et en raison de son expérience d’entrepreneur, peut-on également lire dans la prise de position du Département de la défense. Sa connaissance des affaires militaires a également joué un rôle.
Selon le porte-parole du Département de la défense, André Blattmann et le consultant se sont connus en 1979 dans le cadre du service militaire et se sont revus à plusieurs reprises lors de cours de répétition. Mais ils n’entretiennent, selon le DDPS, aucune relation privée.
Pierre Gobet/ps
Publié Modifié
Biographie expresse d'André Blattmann
André Blattmann a succédé à Roland Nef à la tête de l'armée. Nommé ad interim le 20 août 2008, après la démission du Thurgovien, il a été confirmé dans ses fonctions par le Conseil fédéral le 25 février 2009, et sa nomination est effective depuis le 1er mars 2009.
Né en 1956 à Richterswil (ZH), l'actuel commandant de corps a effectué son service militaire dans les troupes de lutte antiaérienne. Il a d'ailleurs fait carrière au sein de la DCA, s'occupant durant longtemps de la formation sur les missiles antiaériens Stinger.
Dans les années 2000, il a été successivement chef d'Etat-major du corps armée de campagne 4 à Zurich, commandant de l'école centrale de l'armée à Lucerne puis officier général adjoint du chef de l’armée. Dès le 1er janvier 2008, il a officié en tant que remplaçant de Roland Nef au poste de chef de l’armée, avant de lui succéder.