Les cantons de Berne, Zurich, Argovie, les deux Bâles et Soleure ont présenté leur offensive vendredi devant les médias à Zurich. Il s'agit des cantons qui sont derrière les trois plus grandes écoles pédagogiques de Suisse alémanique.
L'offensive prévoit aussi un programme de formation post-grade destiné aux maîtres d'école du primaire qui souhaitent passer dans le secondaire I, le secteur le plus touché par le manque d'enseignants. Les deux nouveaux cursus présentés vendredi seront plus courts que les cursus habituels. Les diplômes ainsi obtenus seront reconnus dans les six cantons à l'origine de cette initiative.
Formation adaptée
La formation destinée à ceux qui viennent à la profession d'enseignant sur le tard sera adaptée à leurs conditions de vie. Des cours seront organisés le soir ou le week-end. Après une première phase de formation, ces nouveaux enseignants recevront déjà des classes puis poursuivront leur formation à côté de leur travail à l'école.
Les cantons pensent ainsi rendre la formation d'enseignants plus attractive. Les cantons alémaniques s'attendent à une pénurie d'enseignants ces prochaines années déjà. Selon la ministre de l'instruction publique du canton de Zurich, Regine Aeppli, le phénomène est structurel et non pas conjoncturel.
La diminution de la taille des classes et plusieurs évolutions comme l'enseignement des langues étrangères au primaire ont augmenté le besoin en personnel. De plus, une tendance au temps partiel se dessine. Un tiers des membres du corps enseignant actuel partiront à la retraite au cours des 15 prochaines années, ce qui complique davantage la situation. Selon l'Office fédéral de la statistique, dans les écoles primaires, ils seront en 2018 45% de plus qu'en 2008 à prendre leur retraite, et dans les écoles secondaires 20 à 25% de plus. L'association faîtière des enseignants LHC évoque le chiffre de 30'000 enseignants qu'il faudra remplacer ces dix prochaines années pour des raisons d'âge.
Certains cantons tablent en outre sur une augmentation du nombre d'élèves. Alors qu'en 2009, la Suisse avait besoin de 3400 enseignants par an, ce chiffre devrait passer à 5000 d'ici à 2016, a indiqué Regine Aeppli.
Cantons romands épargnés
Pour l'instant, les cantons romands ne se plaignent pas d'un manque d'enseignants. Le secrétaire général de la Conférence intercantonale de l'instruction publique de la Suisse romande (CIIP), Christian Berger, prévoit de débattre de cette question lors d'une séance intercantonale qui aura lieu le 5 juillet, a-t-il indiqué à l'ATS.
Dernièrement dans le journal "Le Temps", le président de l'association faîtière des enseignants alémaniques (LCH) avait affirmé que la situation allait empirer en Suisse romande. "Genève se trouvera sous peu dans une ambiance tendue car, au-delà des départs à la retraite, le canton du bout du lac devra jongler avec une croissance du nombre d'enfants", avait dit Beat Zemp.
Se basant sur les chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS), Beat Zemp estime que Neuchâtel et Vaud doivent également s'attendre à des pénuries critiques tandis que dans le Jura, presque la moitié du corps enseignant a déjà plus de 50 ans. Le Valais jouit de la meilleure situation: seuls 29% des enseignants ont plus de 50 ans.
ats/cab
Accueil parascolaire sous toit à Neuchâtel
Le projet de loi neuchâtelois relatif à l'accueil des enfants en âge pré-scolaire ou parascolaire est désormais sous toit.
La conseillère d'Etat Gisèle Ory a présenté vendredi les grandes lignes du système où les employeurs apporteront leur contribution.
Un fonds alimenté en partie par les employeurs sera créé pour financer les structures d'accueil.
Etablie jusqu'à concurrence de 10 millions de francs, la part de l'employeur représentera 0,18 % au maximum de la masse salariale de l'entreprise.
L'Etat et les communes augmenteront également leur contribution. La part du canton au fonds s'élèvera progressivement d'ici 2014 à 10,2 millions de francs, contre 5,7 millions dans le système de subventionnement actuel. La part des communes passera de 24,8 millions à 40,7 millions.
Compte tenu de la contribution des parents, évaluée à 19,3 millions de francs, le fonds constitué pour l'accueil extrafamilial des enfants sera alimenté à hauteur de 80 millions de francs par année à partir de 2014.
Le nombre de places d'accueil passera de 2500 à l'heure actuelle à 4600.
Selon le projet de loi, les communes devront elles prévoir des capacités d'accueil pour 30% des enfants domiciliés sur leur territoire dans le domaine pré-scolaire (crèches) et 15% des enfants dans le domaine parascolaire.
Ces pourcentages correspondent à une couverture intégrale des besoins d'accueil.
Pour les parents, le coût d'une journée d'accueil s'élèvera en moyenne à 80 francs par enfant dans le mode pré-scolaire et 50 francs dans le mode parascolaire. Les enfants d'une même famille bénéficieront de réductions.
La facturation gérée par les communes tiendra compte de la capacité contributive des parents.
Une inconnue subsiste sur l'entrée en vigueur de la nouvelle loi élaborée en guise de contre-projet à l'initiative cantonale "un enfant, une place". Selon Gisèle Ory, le Conseil d'Etat souhaite un retrait de l'initiative afin que le Grand Conseil puisse voter l'entrée en vigueur de la loi pour 2011.