Dans la capitale vaudoise, un millier de caméras - privées et publiques observent d'ores et déjà les citoyens. Appelée vidéosurveillance "dissuasive", cette technologie est destinée à protéger le patrimoine contre le vandalisme à répétition.
Actuellement, la ville de Lausanne compte une vingtaine de sites équipés de caméras. Il s'agit principalement de musées, de bâtiments historiques, d'usines et d'infrastructures techniques qui ne sont pas tous soumis à la loi vaudoise sur la protection des données personnelles, a expliqué mercredi le popiste Marc Vuilleumier, directeur lausannois de la sécurité publique et des sports.
Le politicien a présenté un projet de règlement communal qui permet de légaliser les installations existantes et d'étudier si besoin l'installation de nouvelles caméras.
Agrafer les grapheurs
S'il n'est pas question de filmer en permanence la voie publique dans son ensemble, notamment pour des raisons d'éthique, le préavis de la Municipalité prévoit la possibilité d'étendre le nombre de caméras en vue de lutter notamment contre les "tags" et les déprédations contre le patrimoine.
Si le projet passe la rampe au législatif, des lieux comme la place de la Riponne, la rue de Bourg ou les avenues ne pourront donc pas être placés sous l'oeil des caméras. En revanche, les bâtiments, les usines et des infrastructures comme des ponts ou des ascenseurs publics pourront être surveillés.
Idem pour le patrimoine historique, les musées, les églises, les infrastructures sportives et le patrimoine des parcs publics. Les écoles et pourront aussi être filmés, en dehors des heures de fréquentation. Les déchèteries n'échappent pas à la règle.
Les images seront floutées et les données seront effacées automatiquement après 96 heures. Seule la police y aura accès en cas d'infraction contre le patrimoine et pourra éliminer le brouillage en vue d'identifier les auteurs, a précisé Marc Vuilleumier.
Tout le monde veut la sienne
La Municipalité décidera d'installer de nouvelles caméras que dans le cadre de projets municipaux précis. A l'avenir, la vidéosurveillance pourrait donc s'étendre à Lausanne qui compte déjà augmenter le dispositif d'observation du trafic, en passant de 33 à 50 sites équipés de caméras.
Le quartier privé du Flon est également surveillé, sans compter la gare CFF et les distributeurs de billets de banque. Les transports publics lausannois veulent eux aussi filmer les automates à billets.
Au total, en tenant compte des magasins, parkings, restaurants, discothèques… il y aurait déjà un millier de caméras à Lausanne, selon Marc Vuilleumier.
ap/jeh
Une vidéosurveillance pas surveillée
La situation est très disparate dans les autres villes suisses: selon des estimations basées sur le chiffre d'affaires des entreprises spécialisées dans la vidéosurveillance, environ 40'000 caméras seraient toutefois déjà installées dans les espaces publics suisses, soit une caméra pour 180 habitants environ.
St-Gall surveille ainsi son centre-ville et les alentours de son stade de football.
La ville de Zurich prévoit une vidéosurveillance des écoles en dehors des heures de cours.
Les villes de Genève, Bienne et Berne ont également entrepris l'élaboration de règlements communaux en la matière.
A Yverdon-les-Bains, toute la place de la Gare est sous vidéosurveillance.
A Berne, l'Alliance verte a qualifié la vidéosurveillance du domaine public de "coûteuse, inefficace et exagérée", réagissant à l'adoption par l'exécutif d'un nouveau règlement sur la question.
La ville de Berne est l'une des plus sûres d'Europe, souligne l'Alliance dans un communiqué, et c'est dès lors une "mauvaise plaisanterie" que d'installer des caméras qui ne feront que déplacer les rares incidents qui se produisent.
Par ailleurs, le coût de tout cet appareillage reste obscur tout comme reste obscure l'utilisation des données.
L'Alliance se déclare "consternée" et "effrayée" et combattra le nouveau règlement devant le législatif.
Selon l'Alliance, l'expérience a montré dans les villes européennes que la vidéosurveillance coûte cher et ne sert pas à grand chose.
De plus, les autorités prétendent toujours ne l'installer qu'à des endroits névralgiques mais en fait cherchent à l'étendre partout.