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Affaire Rappaz: E.Waeber-Kalbermatten s'exprime

La conseillère d'Etat veut améliorer la gestion d'éventuels cas similaires.
La conseillère d'Etat veut améliorer la gestion d'éventuels cas similaires.
Après avoir autorisé vendredi les médecins de l'Ile à Berne à nourrir Bernard Rappaz de force si nécessaire, la conseillère d'Etat valaisanne Esther Waeber-Kalbermatten s’est exprimée dimanche dans la presse. Elle désire notamment une amélioration de la réglementation en vigueur.

"J'ai envoyé un fax vendredi après-midi à l'établissement hospitalier pour leur indiquer ma volonté", a indiqué à l'ATS la ministre cantonale, revenant sur une interview publiée par le Matin Dimanche. Cette décision d'alimenter de force le détenu fait suite à une ordonnance du Tribunal fédéral "disant que je ne dois pas seulement tout faire pour lui sauver la vie, mais aussi préserver son intégrité corporelle".

Esther Waeber-Kalbermatten a précisé dimanche qu'elle ne savait pas si l'alimentation forcée du chanvrier avait débuté. "C'est maintenant aux médecins de décider des modalités de cette démarche", a-t-elle noté. Du côté de l'hôpital bernois, dans lequel Bernard Rappaz avait été transféré lundi, on se refusait dimanche à tout commentaire.

Une mesure qui inquiète

Cette décision inquiète le proche ami de Bernard Rappaz, Boris Ryser, qui craint qu'elle n'affecte profondément le moral du chanvrier. "Ces mesures sont censées aider Bernard; mais Bernard, il se débrouille très bien sans manger!", a-t-il tonné dimanche.

L'état de santé du chanvrier valaisan est bon, selon son ami Boris Ryser.
L'état de santé du chanvrier valaisan est bon, selon son ami Boris Ryser.

Dans une interview publiée vendredi par les quotidiens alémaniques Tages-Anzeiger et Bund, le détenu valaisan avait indiqué qu'à ses yeux l'alimentation forcée représentait une violation des droits de l'Homme. "Cela ne ferait que prolonger le supplice. On meurt simplement plus tard", avait-il affirmé.

Selon la conseillère d'Etat valaisanne, les déclarations du chanvrier sont paradoxales. "Il a signé des directives anticipées où il écrit qu'il faut le laisser mourir et dit partout qu'il veut vivre. Sa volonté n'est pas du tout claire."

Revoir la réglementation

Dans l'interview accordée au Matin Dimanche, la ministre en charge de la sécurité aborde par ailleurs la pertinence du système décisionnel au sein du gouvernement cantonal. Dans l'affaire Rappaz, la procédure standard a été suivie, à savoir que "l'exécution des peines est du ressort de mon département". Mais il faudrait peut-être à l'avenir "rediscuter pour savoir si, dans un cas aussi extraordinaire, le collège entier doit être impliqué".

La socialiste estime en outre que l'affaire Rappaz pourrait servir de tremplin à une modification de la réglementation. "Je pense demander à la Conférence des chefs cantonaux de Justice et police de se pencher sur les grèves de la faim en prison et de voir si l'on ne peut pas unifier, changer ou légiférer pour éviter des situations comme celle que nous sommes en train de vivre en Valais."

Esther Waeber-Kalbermatten va également contacter la cheffe du Département fédéral de justice et police Eveline Widmer-Schlumpf pour évoquer l'état de la législation au niveau national. "Dans la procédure de consultation sur la révision du code pénal, il est prévu d'étendre la pratique du monitoring électronique des prisonniers, comme le bracelet, et je veux voir quand il sera possible de le faire."

ats/bkel

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En grève depuis quatre mois

Condamné à cinq ans et huit mois de réclusion pour violation grave de la loi fédérale sur les stupéfiants, Bernard Rappaz a entamé sa peine le 20 mars. Il a immédiatement débuté une grève de la faim.

Jeudi, le Tribunal fédéral a refusé la demande de mesures provisionnelles assortissant son recours, qui demandait l'interruption de l'exécution de sa peine. Les juges doivent désormais se prononcer sur le fond de la requête.