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Doris Leuthard défend la Suisse à Bruxelles

Doris Leuthard s'est permis d'ironiser sur la dette de l'Union européenne.
Doris Leuthard s'est permise d'ironiser sur la dette de l'Union européenne.
Berne et Bruxelles ont annoncé lundi vouloir revoir et simplifier leurs relations en travaillant sur une sorte d'accord-cadre bilatéral. A Bruxelles, Doris Leuthard a rappelé combien la Suisse était dépendante de l'UE, tout en se moquant gentiment de l'ampleur de sa dette.

"Le réseau d'accords bilatéraux" conclus à ce jour entre l'UE et la Suisse est devenu "complexe, très lourd à gérer", a expliqué le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso à l'issue d'un entretien avec la présidente de la Confédération et le président du Conseil de l'Union européenne (UE) Herman Van Rompuy.

"Il faut des règles du jeu plus claires, le temps est venu de donner une nouvelle impulsion à notre partenariat", a-t-il dit. Des relations "plus fluides" faciliteraient la gestion des plus de 120 accords bilatéraux.

Herman Van Rompuy a lui aussi évoqué "la recherche commune de solutions", estimant que lors de négociations futures, la Suisse devrait reprendre l'acquis législatif européen si elle veut avoir accès au marché.

Il est juste de réfléchir à l'amélioration et à la simplification des relations bilatérales, "mais nous verrons comment cela sera mis en pratique", a estimé de son côté Doris Leuthard.

Un groupe d'experts

Un groupe d'experts va être donc mis en place pour examiner les "options possibles". Il doit rendre de premières conclusions d'ici la fin de l'année. Une des idées à l'étude serait un accord-cadre entre l'UE et la Suisse regroupant plus d'une centaine d'accords séparés de partenariat conclus.

"Nous sommes d'accord pour établir un groupe de travail conjoint pour examiner les options", a souligné Doris Leuthard. Mais elle a averti que "la base (de travail) pour ces experts sera qu'on respecte la souveraineté" de la Suisse et "le bon fonctionnement des institutions qui existent" déjà.

La présidente a aussi exprimé lundi des réserves au sujet d'une autre proposition de l'UE visant à la rallier à un code de bonne conduite pour éviter la concurrence fiscale dommageable et les délocalisations d'entreprises qu'elle entraîne. Doris Leuthard a demandé pourquoi ce code interne à l'UE "devrait avoir un champ d'application en Suisse".

Doris Leuthard ironise

Les discussions ont également porté sur la situation économique et la crise de l'euro. Doris Leuthard a expliqué que la Suisse avait un intérêt au redressement économique de l'Union européenne, même si elle n'en fait pas partie. "Nous sommes solidaires, nous voulons une Europe forte, économiquement crédible", a-t-elle dit.

"La Suisse a un niveau de dette de 39% du PIB (Produit intérieur brut), nous remplissons les critères de Maastricht, s'ils existent encore", a-t-elle ajouté sur le ton de l'ironie. "Et nous espérons que le président (Van Rompuy) réussisse avec son groupe de travail à trouver un mécanisme pour l'avenir qui stabilise la situation, restaure la confiance et positionne à nouveau l'Europe là où elle doit être".

Les critères de Maastricht sont ceux que les pays candidats à l'entrée dans la zone euro doivent respecter, notamment en matière de limitation du déficit public national annuel (pas plus de 3% du PIB) et de maîtrise de la dette publique (limitée à 60% du PIB). Ces derniers critères sont aussi ceux que les pays membres de l'Union européenne et de la zone euro doivent respecter dans le cadre du Pacte de stabilité.

Or, le Pacte a volé en éclats avec la crise financière et économique en Europe. La quasi totalité des pays de l'UE, 24 sur 27, font aujourd'hui l'objet de procédures pour déficit excessif. De nombreux Etats dépassent aussi la limite fixée pour la dette.

ats/afp/bri

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Soutien de la BNS

La présidente de la Confédération s'est par ailleurs félicitée de la mise en place par la zone euro et le FMI d'un Fonds de soutien de 750 milliards d'euros pour les pays de l'Union monétaire qui seraient confrontés à une grave crise. Elle a aussi salué le programme de 110 milliards d'euros de prêts déjà accordés sur trois ans à la Grèce.

"La Suisse a aussi contribué à stabiliser la zone euro, pas seulement comme membre du FMI mais aussi via les achats de notre banque centrale qui sont vraiment une contribution (...) beaucoup plus importante que la majorité des membres de l'UE", a fait valoir Doris Leuthard. Elle faisait entre autres référence à des achats importants d'euros sur le marché des changes, qui ont permis de limiter la baisse de la monnaie unique. Ces achats ont été réalisés par la Banque nationale pour empêcher le franc de trop s'apprécier, et soutenir ainsi les exportations suisses.