Les deux hommes, deux Polonais âgés de 32 et 37 ans, ont été arrêtés le 2 août 2009 dans un hôtel lausannois lors d'une enquête sur un trafic nigérian. Ils étaient en possession de 2,2 kilos de cocaïne emballés dans des capsules. Ils en avaient ingérées 100 chacune pour le trajet, une opération qui a duré de six à huit heures.
L'enquête a révélé que les deux "mules" avaient été recrutées à Rotterdam (PB). Elles ont effectué leur première livraison en automne 2008 à Zurich. Les Polonais ont ensuite poursuivi leurs transports à destination du marché suisse, anglais et italien jusqu'à leur arrestation.
Dix euros la capsule
Pour son jugement, le Tribunal criminel a admis au total 23 trajets à destination de ces pays, dont une douzaine en Suisse, ainsi que huit mois et demi d'activité délictueuse. Il a pris en compte une quantité de 80 capsules à 10 grammes par transport, hormis le dernier où les deux hommes en avaient ingéré 100. Les juges ont retenu une quantité totale de 18,6 kg de cocaïne brute pour chacun des accusés, soit quelque 6 kilos de cocaïne pure.
Selon le parquet, leur rémunération a dû se monter à environ 30'000 euros chacun, à raison de dix euros par capsule et 500 euros par déplacement. Les deux hommes ont en outre à plusieurs reprises encaissé de l'argent de la part des clients et l'ont remis à leur employeur en Hollande.
Ils sont reconnus coupables de blanchiment d'argent pour avoir convoyé quelque dizaines de milliers de francs d'origine criminelle d'un pays à un autre.
Circonstances atténuantes
La culpabilité des deux hommes est importante en raison de la quantité effarante de cocaïne transportée et des dangers que cette drogue implique pour la santé, ont estimé les juges. La durée et la fréquence du trafic, son caractère professionnel impliquent de plus une répétition de la délinquance dans l'unique dessein de gagner de l'argent.
A leur décharge, les juges ont pris en compte la vie difficile des accusés. Travaillant au noir en Hollande, ils faisaient office de proies faciles pour les recruteurs. En outre, les sommes qu'ils ont gagnées étaient moindres et destinées à faire vivre leurs familles.
Le tribunal a conclu qu'il s'agissait de simples convoyeurs, de délinquants primaires et a rappelé que leur casier judiciaire était vierge auparavant. Les accusés ont en outre fait preuve de franchise et de repentir lors de l'instruction et pendant leur détention préventive. Au vu de ces circonstances, le Tribunal criminel, qui estimait que la peine adéquate se montait à dix ans, l'a réduite d'un cinquième. Le Ministère public avait requis quinze ans de réclusion.
ats/ant