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Lausanne: le crématoire des animaux est un succès

Depuis 3 mois, les Vaudois peuvent incinérer leurs animaux de compagnie décédés.
Depuis 3 mois, les Vaudois peuvent incinérer leurs animaux de compagnie décédés.
Le crématoire animalier de Lausanne créé voici trois mois par la Société vaudoise de protection des animaux (SVPA) a reçu un très bon accueil auprès du public. Depuis son ouverture, les cendres de quelque 150 chats, chiens, perruches, rats ou cochons d'Inde y ont déjà été recueillies.

Le service du crématoire est très apprécié des vétérinaires qui peuvent aiguiller les propriétaires d'animaux de compagnie vers cette structure, a expliqué Alain Zwygart, administrateur du refuge de la SVPA à Sainte-Catherine, sur les hauts de Lausanne.

Il répond aussi à un véritable besoin du public. Certains propriétaires veulent simplement une fin digne pour leur animal. Ils refusent que la dépouille de leur compagnon ne finisse dans un clos d'équarissage, où leurs restes seront transformés en farine animale.

Conserver les cendres

D'autres vont plus loin dans leur démarche et désirent conserver les cendres de leur compagnon, souligne Alain Zwygart. Dans ce cas, Gribouille ou Médor sont réfrigérés individuellement avant de passer dans le four mis en route une fois par semaine.

Leurs dépouilles sont munies d'une plaquette métallique d'identification et incinérées séparément à 800 degrés. Les résidus transformés en fine poussière sont remis aux propriétaires dans une urne ou non.

Les autres sont brûlés collectivement. Leurs cendres sont répandues au "jardin des souvenirs" à Ste-Catherine, un lieu de recueillement ouvert au public depuis dix ans. Il est permis d'enterrer un animal jusqu'à dix kilos dans un jardin, note Alain Zwygart. Mais cette pratique se perd. Tout le monde n'a pas un coin d'herbe ou le courage de procéder soi-même à un ensevelissement.

Le prix dépend du poids

Pour l'heure, une dizaine de dépouilles prennent chaque jour le chemin du bâtiment situé à Vidy. Deux personnes spécialement formées accueillent et réconfortent les maîtres endeuillés. La SVPA s'est associée avec une société alémanique active depuis plus de quinze ans dans le domaine.

Les incinérations se facturent au poids. Les membres de l'association bénéficient de réductions de 30% à 35%. Pour un chien de dix kilos, une incinération "en commun" reviendra à 83 francs, avec récupération des cendres à 113 francs.

Pour les non membres, le prix montera à 115 francs, respectivement 180 francs. Pour un gros toutou de 70 kilos, ces derniers débourseront 299 francs, 349 francs avec les cendres.

15 ans d'acharnement

Créée pour les besoins des 24'000 membres de la SVPA et payée par leurs cotisations, l'installation a coûté 1,9 million. Genevois et Valaisans se montrent déjà intéressés, relève Alain Zwygart. La Suisse romande est en effet en retard dans le domaine. Seule la société neuchâteloise Cremadog offre depuis une quinzaine d'années ce type de service.

Samuel Debrot, président de la SVPA, s'est battu pendant des années pour que ce projet aboutisse. L'ancien vétérinaire municipal lausannois et figure emblématique de la cause animale avait dû démonter en 1990 une petite installation pionnière d'incinération à Vufflens-la-Ville (VD). Le four qui avait provoqué une levée de boucliers ne répondait pas aux critères de l'Ordonnance sur la protection de l'air. Il est extrêmement difficile d'avoir une installation conforme aux prescriptions légales, souligne Samuel Debrot.

Le projet a été réactivé dès 1996. Il a été accueilli favorablement par la ville de Lausanne dès l'an 2000. Un droit de superficie a été accordé à la SVPA pour implanter le bâtiment dans le complexe de la station d'épuration. Il a enfin vu le jour en mai dernier.

ats/sbo

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Faire le deuil d'un animal de compagnie, un passage important

Les mentalités ont évolué: faire le deuil d'un animal devient de moins en moins tabou. Incinération, cimetière ou lignes téléphoniques permettent aux maîtres de davantage exprimer leur douleur et de faire travail de mémoire.

De tout temps, les gens proches des animaux les ont pleurés à leur mort. Mais avec discrétion, car ce deuil est parfois mal compris par la société. Les chats, chiens ou autres oiseaux, lapins ou hamsters ont longtemps été considérés comme des choses, jusqu'à leur changement de statut en 2004, rappelle Alain Zwygart, administrateur du refuge de la Société vaudoise de protection des animaux (SVPA).

Il y a à peine 20 ans la proposition de la SVPA de créer un cimetière pour animaux avait été accueillie avec dérision, se souvient Samuel Debrot, son président. Dix ans plus tard, l'ouverture du "jardin du souvenir" à Ste-Catherine a été saluée.

Ces dernières décennies, des études ont prouvé combien les animaux de compagnie contribuent au bien-être des humains. L'association "Vivre son deuil", qui a ouvert une ligne téléphonique spécifique pour le deuil d'animaux en Suisse romande en sait quelque chose. "Nous recevons une dizaine d'appels par semaine, souvent très longs", relate sa présidente Rosette Poletti.

Le phénomène montre quelle place énorme peut prendre un compagnon à quatre pattes et surtout à quel point de nombreuses personnes vivent dans une extrême solitude, note la psychologue.

En matière de deuil animal, seules les annonces mortuaires pour animaux restent encore tabou. La situation n'a pas évolué depuis 2004, relève un collaborateur de Publicitas. Cette année-là, des propriétaires avaient réussi à infiltrer la photo de leur chat décédé dans la chronique mortuaire du "Tages-Anzeiger", provoquant un scandale. Aujourd'hui, "24 heures" propose à cet effet une rubrique "coup de coeur" dans les petites annonces.