Malgré des chiffres de l'emploi réjouissants, la révision de l'assurance chômage est "nécessaire", a martelé la ministre de l'économie. La dernière modification de la loi en 2002 tablait sur un nombre moyen de quelque 100'000 chômeurs, correspondant à un taux de 2,5%. "Ce qui s'est avéré trop optimiste." Il faut compter désormais sur une moyenne de 130'000 chômeurs (3,3%). D'où un déficit structurel d'environ un milliard de francs par an.
A fin juin, les dettes s'élevaient à sept milliards de francs. Pour l'ensemble de cette année, le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) anticipe un taux de chômage moyen de 3,9%. Selon Doris Leuthard, la révison "résout les problèmes financiers de l'assurance chômage". Elle est équilibrée avec d'un côté des réductions de prestations de 622 millions de francs et d'un autre une hausse des cotisations à hauteur de 646 millions. Seule une assurance chômage financièrement stable peut soutenir efficacement les personnes au chômage et favoriser leur réintégration professionnelle, souligne l'Argovienne.
Moment opportun
Le moment pour cette révision est opportun, estime Doris Leuthard. "Le plus dur de la crise financière et économique est derrière. Le taux de chômage poursuit sa décrue depuis janvier; de manière disproportionnée, celui des jeunes a fortement diminué."
Les jeunes sont justement concernés par les diminutions de prestations décidées par le Conseil fédéral et le Parlement. Les moins de 25 ans sans enfants ne bénéficieront plus que de neuf mois d'indemnisations. Cette catégorie d'âge est rarement plus de six mois au chômage, précise Doris Leuthard.
Les jeunes sans emploi, après leur apprentissage ou leurs études, devront attendre 120 jours avant de percevoir leurs indemnités chômage. Ceux sans enfants devront patienter davantage encore. Les réductions valent également pour les personnes qui ne contribuent qu'un court laps de temps. "Les assurés qui auront cotisé pendant un an percevront des indemnités pendant un an." De même, "ceux qui auront cotisé six mois durant recevront des indemnités journalières pendant six mois."
Cotisation de solidarité
Les cotisations grimperont de 2 à 2,2%. Passeront de plus à la caisse les revenus supérieurs à 126'000 francs. "Une assurance saine est aussi la meilleure garantie que les personnes qui perdent leur emploi soient assurées de toucher de bonnes prestations", a fait valoir la présidente.
Même en cas de refus, le Conseil fédéral se devra d'assainir l'assurance chômage. L'augmentation des cotisations serait alors deux fois plus élevée qu'avec la révision. Le Conseil fédéral a décidé fin juin que, si le non l'emportait, il porterait le taux de cotisation à 2,5% dès l'an prochain.
De nouvelles propositions devraient en outre être élaborées. Le pouvoir d'achat des salariés serait réduit et les charges salariales des entreprises augmenteraient davantage encore. Le Conseil fédéral préfère donc la voie de la révision. Laquelle sera mise en place dès que possible, indique Doris Leuthard. La gauche et les syndicats ont déjà saisi le référendum.
ats/ant