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Coûts de la santé: chiffres trompeurs dénoncés

Pierre-Yves Maillard exige une autre base de calcul pour les primes.
Pierre-Yves Maillard exige une autre base de calcul pour les primes.
Pierre-Yves Maillard repart au combat en vue de la prochaine fixation des primes maladie. Les dépenses par assuré à charge de l'assurance maladie obligatoire sont moins élevées que ce prétend l'Office fédéral de la santé publique dans son monitoring. Cette statistique fédérale ne doit donc pas servir de base au calcul des primes, estime le conseiller d'Etat vaudois.

"Soit l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) annule ce monitoring, soit il se donne les moyens de le compléter", a exigé Pierre-Yves Maillard vendredi. Ces chiffres surestiment nettement les coûts de la santé, et ceux du canton de Vaud en particulier. Mais Genève, Jura et Neuchâtel seraient aussi concernés. C'est ce qui ressort d'une analyse des chiffres présentée vendredi à Lausanne par le conseiller d'Etat.

La faille Assura

Pour ce monitoring trimestriel, l'OFSP se contente de mettre en forme les chiffres que lui fournit Santésuisse, l'association faîtière des assureurs maladie. Or plusieurs assureurs n'en font pas partie, dont Assura, un des plus grands assureurs du canton. Pour des raisons de concurrence, Assura refuse de livrer ses chiffres à Santésuisse. La compagnie serait toutefois prête à transmettre ses données directement à l'OFSP, selon Pierre-Yves Maillard.

Les coûts de la santé vaudois (ici le CHUV) sont à la baisse. [KEYSTONE - LAURENT GILLIERON]
Les coûts de la santé vaudois (ici le CHUV) sont à la baisse. [KEYSTONE - LAURENT GILLIERON]

"Vu de Berne, l'effet sur la statistique nationale semble marginal", relève le chef du Département vaudois de la santé et de l'action sociale (DSAS). Vu de Lausanne, l'image est tout autre: sur les 450'000 affiliés d'Assura, 150'000 sont vaudois. La caisse rassemble 24% des assurés du canton.

De plus, "Assura a réussi à sélectionner les bons risques", affirme l'élu socialiste. Ses assurés vaudois lui ont coûté 1922 francs en moyenne, près de deux fois moins que ce que les autres assureurs ont déboursé. Conclusion: le quart des assurés vaudois, ceux qui coûtent le moins cher, sont exclus du monitoring de l'OFSP.

"Description trompeuse"

A cause de cette "description trompeuse", les assurés vaudois paient des primes trop hautes. "Il y a longtemps que je dis que ces chiffres sont faux. Mais cette fois je peux dire de combien", a déclaré le socialiste.

Le DSAS a demandé à Assura de lui fournir les montants vaudois non pris en compte par la statistique officielle. Il s'est en outre assuré l'appui de l'Observatoire fédéral de la santé pour procéder aux rectifications des valeurs suisses.

En prenant en compte la totalité des assurés, la dépense moyenne par assuré vaudois en 2009 est de 3395 francs, alors que la dépense moyenne pour la Suisse est de 3066 francs. L'OFSP avançait des chiffres respectifs de 3704 et 3137 francs. L'écart "officiel" de 18%, "manifestement exagérée", selon Pierre-Yves Maillard, se réduit à un écart "réel" de 10,7%. Il était encore de 21,9% en 2000. Le canton de Vaud relève que, malgré ses structures universitaires, il confirme son rapprochement régulier avec la moyenne suisse.

L'OFSP change sa pratique

"A voir ces chiffres, il n'y a aucune raison pour que les Vaudois subissent une nouvelle hausse" en 2011, a averti Pierre-Yves Maillard.

Contacté, l'OFSP répond que les données utilisées pour le monitorage couvrent environ 90% des assurés. Il est techniquement possible de compléter ces données, mais cela impliquerait un décalage temporel conséquent. Les chiffres ne seraient ainsi plus à disposition rapidement, privant les cantons de la possibilité de prendre des mesures correctives.

Dorénavant, l'OFSP publiera donc, en plus des données de monitorage habituelles, une liste complétée, mais avec un certain décalage temporel. Quoiqu'il en soit, l'OFSP ne se base pas sur le monitoring trimestriel pour établir les primes, mais bien sur les données annuelles, a précisé à l'émission Forum de la RSR Christoph Kilchenmann, chef de la section statistiques à l'OFSP.

agences/cab

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Les coûts vaudois mieux maîtrisés

Entre 2008 et 2009, les coûts de la santé vaudois ont augmenté de 1,6% alors qu'au niveau national la progression était de 2,9%.

Un élément réjouit particulièrement le conseiller d'Etat: l'écart entre les coûts vaudois et les coûts suisses a baissé dans les secteurs subventionnés, régulés par le Canton.

Les dépenses vaudoises pour les coûts hospitaliers, les EMS et les soins à domicile sont maintenant plus de 5% inférieures à la moyenne suisse.

Le frein est plus difficile à tirer dans les domaines non régulés.

Pour le secteur ambulatoire, la médecine de ville et les médicaments, le canton de Vaud reste un cinquième plus cher que la moyenne suisse.

Chiffres déjà contestés en 2009

L'an dernier déjà, Pierre-Yves Maillard avait contesté les chiffres rendus publics par l'OFSP pour le canton de Vaud quant à l'évolution des coûts à charge des assureurs.

Avec l'appui de la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé, il avait demandé au Département fédéral de l'intérieur de remédier de manière urgente à cette situation. Jusqu'à ce jour, cette demande est restée sans effet.