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Chômage: un comité bourgeois soutient la révision

Peter Spuhler, Charles Favre, Urs Hany, Verena Diener et Werner Luginbuehl ont lancé la campagne en faveur de la révision.
Peter Spuhler, Charles Favre, Urs Hany, Verena Diener et Werner Luginbuehl ont lancé la campagne en faveur de la révision.
L'assainissement de l'assurance chômage ne peut pas se baser uniquement sur une hausse des cotisations salariales. Fort de cet avis, un comité composé de plus de 100 parlementaires des partis bourgeois a lancé lundi la campagne en faveur du projet en votation le 26 septembre, alors que Doris Leuthard a défendu le projet à Lausanne.

A l'heure où l'assurance chômage a accumulé 7 milliards de dettes, une révision est inévitable. Le projet finalisé par le Parlement est équilibré, puisqu'il se fonde sur une hausse des recettes d'environ 650 millions de francs et des économies de 620 millions, a affirmé le conseiller national Urs Hany (PDC/ZH) lundi devant la presse, alors que Doris Leuthard a défendu le projet du Conseil fédéral à Lausanne (voir ci-contre).

A Ouchy, des jeunes de Solidarités ont accueilli Doris Leuthard avec des pancartes anti-révision. [KEYSTONE - LAURENT GILLIERON]
A Ouchy, des jeunes de Solidarités ont accueilli Doris Leuthard avec des pancartes anti-révision. [KEYSTONE - LAURENT GILLIERON]

Un refus de la révision de la loi, comme le prône la gauche, entraînerait une hausse excessive des cotisations pour les employeurs et les employés, d'après le comité. Le Conseil fédéral ferait passer les ponctions salariales en faveur de l'assurance chômage de 2% à 2,5% dès janvier, soit deux fois plus que prévu, a avertit Charles Favre (PLR/VD).

La révision soumise au peuple prévoit une augmentation de 0,2 point à 2,2%, ainsi qu'un pourcent de solidarité sur les revenus de plus de 126'000 francs. Sur le salaire médian suisse (69'876 francs en 2008), cela correspond à 70 francs pour l'employé, a précisé le conseiller aux Etats Werner Lüginbühl (PBD/BE). En cas de "non", la facture se monterait à 175 francs, d'après lui.

Explosion des coûts

Cette ponction s'accompagnera aussi d'une hausse de la TVA de 0,4 point en faveur de l'AI dès janvier, ainsi que d'une augmentation des cotisations pour les allocations pour perte de gain de 0,3 à 0,5%. Sans parler par ailleurs des primes d'assurance maladie qui vont prendre l'ascenseur, a averti le Bernois.

Des coûts salariaux en constante progression entravent la compétitivité de la Suisse et menacent les emplois dans notre pays, a renchéri l'UDC thurgovien Peter Spuhler. Pour lui, la révision est "équilibrée et socialement acceptable", malgré la réduction des prestations.

Il est normal de lier le temps de cotisation à la durée d'obtention de l'assurance chômage, a ajouté Urs Hany. Celui qui a cotisé un an sera indemnisé pendant un an et ceux qui ont plus d'un an et demi toucheront 400 jours d'indemnité.

Acceptable pour les jeunes

La baisse des prestations pour les jeunes chômeurs - indemnités pendant seulement neuf mois, obligation d'accepter un emploi ne répondant pas à leurs qualifications et délai de carence au terme de la formation - est elle aussi acceptable, aux yeux de la conseillère aux Etats des Verts libéraux Verena Diener.

La plupart d'entre eux retrouvent un emploi en moins de six mois, a assuré la Zurichoise. Les syndicats, qui ont déposé le référendum contre la révision de la loi sur l'assurance chômage, se lanceront à leur tour dans la campagne mardi à Berne.

Prestations réduites

Pour rappel, la révision réduit les prestations de 622 millions de francs et augmente les cotisations de 646 millions. L'assurance-chômage enregistre un déficit annuel d'un milliard de francs.

Les jeunes sont particulièrement concernés par le projet. Les moins de 25 ans sans enfants ne bénéficieront plus que de neuf mois d'indemnisations. Les jeunes sans emploi, après leur apprentissage ou leurs études, devront attendre 120 jours avant de percevoir leurs indemnités chômage. Ceux sans enfants devront patienter davantage encore.

Les réductions valent également pour les personnes qui ne contribuent qu'un court laps de temps. Les assurés qui auront cotisé pendant un an percevront des indemnités pendant un an. De même, ceux qui auront cotisé six mois durant recevront des indemnités journalières pendant six mois. Les cotisations grimperont de 2 à 2,2%. Passeront de plus à la caisse les revenus supérieurs à 126'000 francs.

ats/cht

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Doris Leuthard plaide pour la révision à Lausanne

Doris Leuthard est venue plaider lundi soir à Lausanne pour la révision de l'assurance chômage sur laquelle le peuple se prononcera le 26 septembre. Elle a souligné l'importance de ce compromis et rejeté les critiques des manifestants qui l'attendaient.

"Je vais gagner, peut-être pas à Lausanne", a répondu avec le sourire la présidente de la Confédération à une question de la presse sur son pronostic pour la votation. Doris Leuthard a affirmé que la réforme était nécessaire et qu'elle ne mettait pas en danger les jeunes, comme d'aucuns le redoutent.

A son arrivée à Ouchy, une dizaine de jeunes membres de Solidarités s'étaient postés devant l'hôtel. Sur leurs pancartes, on pouvait lire notamment: "La crise a bon dos, les jeunes ont les poches vides", "Leuthard fossoyeuse, luttons contre le chômage, pas contre les chômeurs" ou encore "Non au démantèlement de la loi sur l'assurance chômage".

Si la présidente de la Confédération est allée leur dire bonjour, elle n'en conteste pas moins leurs arguments. La ministre de l'économie a rappelé que la révision n'allait péjorer que la situation de ceux qui n'ont jamais travaillé et qui pouvaient jusqu'à présent toucher le chômage dès la fin des études.

D'autres mesures d'insertion sont en place, a déclaré Doris Leuthard. "Comme jeune, je ne cherche pas à avoir une aide financière, mais un travail", a-t-elle déclaré à la presse réunie avant sa conférence mise sur pied par le Comité vaudois pour la révision de l'assurance chômage. "Il faut la réforme, on ne peut pas continuer à augmenter la dette", a-t-elle lancé.

De retour d'un voyage en Chine, la présidente de la Confédération a insisté sur le fait que la Suisse profitait pour l'heure largement de la coopération avec ce pays. "Ca serait la catastrophe si la Suisse ne se concentrait que sur elle-même", a-t-elle répondu à une question de la presse sur les risques de voir les emplois partir en Asie.