Les organisations de salariés espèrent rééditer le succès remporté en mai lors de l'échec de la révision de la LPP. Elles sont à l'origine du référendum contre la loi sur l'assurance chômage.
"Une nouvelle fois, une majorité politique de la Berne fédérale qui n'a jamais eu de problèmes pour accorder de nouveaux privilèges aux nantis veut imposer un démantèlement aux gens normaux", a dénoncé le président de l'Union syndicale (USS) Paul Rechsteiner mardi lors d'une conférence de presse.
La révision affaiblit clairement le droit des plus de 55 ans et des jeunes chômeurs à des indemnités, selon lui. Elle supprime par exemple aussi la possibilité de prolonger de 120 jours la durée d'indemnisation dans les régions où le chômage est élevé. Pourtant, la crise économique n'a pas été causée par ses victimes, a noté le socialiste.
Ponctionner plutôt les plus hauts revenus
Les syndicats ne remettent pas en cause la nécessité d'assainir l'assurance chômage, mais la manière. Les quelque 620 millions d'économies réalisées par des coupées de prestations aux chômeurs pourraient être "trouvés sans problème en soumettant comme de juste les hauts et très hauts salaires dans leur totalité à des cotisations", a estimé le patron de l'USS.
Vania Alleva, du syndicat UNIA, s'est livrée à des calculs. "Voter oui le 26 septembre, c'est ménager les top managers et autres profiteurs", d'après elle. Si la révision est acceptée, ils verseraient des cotisations réduites (1%) sur les revenus dépassant 126'000 francs et plus rien au-delà de 315'000 francs.
"Alors que les simples salariés verseraient 2,2% de leur salaire à l'assurance chômage, la présidente de la Confédération Doris Leuthard s'acquitterait d'à peine 1% de cotisations, Magdalena Martullo-Blocher (Ems Chemie) de 0,65% et Brady Dougan (Credit Suisse) de 0,005% seulement", a critiqué Vania Alleva. Pour la campagne, les syndicats ont d'ailleurs édité un tableau montrant les salaires de différentes personnalités sous le slogan "à eux les bonus, à nous les malus".
Chantage
En cas de refus de la révision, rien n'empêche le Conseil fédéral de maintenir le taux de cotisation à 2,2% et d'élaborer un projet qui prévoit de soumettre les hauts revenus à des cotisations, selon eux. Quant à l'annonce qu'en cas de refus les cotisations passeront à 2,5% dès janvier, il s'agit de "pure propagande et d'une tentative de chantage éhontée", a affirmé Vania Alleva.
La révision prévue n'apporte de toute façon pas de "financement solide", a renchéri le président de Travail.Suisse Martin Flügel. Dix-huit ans sont prévus pour résorber la dette de 7 milliards de francs. Quant aux économies annoncées, elles résultent en grande partie d'un transfert des charges sur l'aide sociale.
ats/ant