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Le chef de la FINMA démissionne

Eugen Haltiner s'en ira à la fin de l'année.
Eugen Haltiner s'en ira à la fin de l'année.
Eugen Haltiner, le président de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), quittera son poste en décembre 2010, soit une année avant la fin de son mandat. L'homme est controversé, en raison de ses liens avec UBS, son ancien employeur.

Le Conseil fédéral règlera sa succession à l'automne. Comme son ministre de tutelle démissionnaire Hans-Rudolf Merz, Eugen Haltiner a souligné que sa décision intervenait à un "moment judicieux". Il tire un bilan positif de sa présidence: "La fusion dont est née la FINMA a pu être menée à bien", a-t-il déclaré, cité dans le communiqué du régulateur financier.

Eugen Haltiner, 62 ans, a supervisé la fusion de la Commission fédérale des banques (CFB) - qu'il dirigeait depuis février 2006 de l'Office fédéral des assurances privées (OFAP) et de l'Autorité de contrôle en matière de lutte contre le blanchiment d'argent (AdC LBA). Ce rapprochement a donné naissance début 2009 à la FINMA, dont il a pris la tête.

Eugen Haltiner ne fait cependant aucune allusion aux reproches qui lui ont été adressés, portant notamment sur son manque d'indépendance vis-à-vis d'UBS, son ancien employeur. La grande banque lui verse d'ailleurs toujours une pension depuis qu'il a pris sa retraite anticipée de l'établissement.

Trop proche

Les critiques à son endroit se sont fait virulentes après le sauvetage d'UBS en octobre 2008, à la suite de la crise financière. Mais c'est toutefois la transmission par la FINMA, en février 2009, des données de 300 clients d'UBS au fisc américain qui a déchaîné la controverse, en raison des liens d'Eugen Haltiner avec la grande banque.

Cette livraison de données était "nécessaire", s'était alors justifié ce dernier. Selon lui, elle a permis d'éviter une plainte pénale aux Etats-Unis, ce qui aurait mis en péril l'existence même de la banque, voire "le système financier suisse et l'économie tout entière".

Plainte pénale de clients UBS

Eugen Haltiner avait ajouté que le Conseil fédéral soutenait cette démarche. En janvier 2010, le Tribunal administratif fédéral (TAF) avait néanmoins jugé l'opération illégale. Le Tribunal fédéral doit encore trancher quant à sa légalité car la FINMA a recouru contre la décision du TAF.

Plusieurs clients d'UBS ont en outre déposé une plainte pénale contre Eugen Haltiner pour violation du secret bancaire. Le Ministère public de la Confédération (MPC) a indiqué mercredi qu'une procédure pénale n'avait pas été ouverte pour l'instant.

Le président de la FINMA, dont le mandat n'arrivait à échéance qu'à la fin 2011, avait pourtant déclaré au début de l'année qu'il resterait en poste "si le Conseil fédéral me garde sa confiance".

ats/cht

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Louanges et critiques

Le Conseil fédéral a salué le rôle Eugen Haltiner dans la mise en place de la FINMA, en tant "qu'artisan essentiel de la maîtrise de la crise financière par la Suisse, qui peut être qualifiée de bonne en comparaison internationale".

Même louanges de la part de l'Association suisse des banquiers, qui évoque "un partenaire de discussion intègre, compétent et fiable". En mai, le Conseil fédéral avait déjà blanchi Eugen Haltiner, dans un rapport sur la crise des marchés financiers, de toute collusion d'intérêt avec l'UBS.

"Les règles de récusation, qui sont établies par la FINMA elle-même sont appropriées et le président les a respectées", avait-il indiqué.

Le démissionnaire reste néanmoins sous le feu de la critique des politiciens, dont le conseiller national Roger Nordmann (PS/VD), qui se déclare "ravi" de la démission. En juin, le Vaudois avait déposé une initiative parlementaire pour que la FINMA enquête sur les activités d'UBS entre 2000 et 2009. Son texte demandait notamment la récusation de M. Haltiner. Quant au profil nécessaire pour un tel poste, l'indépendance compte plus que les compétences techniques, estime Roger Nordmann.

D'autres politiciens de gauche mais aussi de droite contactés par l'ATS mettent en avant ce même critère. Et Pirmin Bischof (PDC/SO) d'évoquer un exemple à suivre en la personne de Philipp Hildebrand, qui s'est affranchi selon lui avec succès des banques.