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Les armées privées inquiètent le Conseil fédéral

Le Groupe pour une Suisse sans armée a protesté le week-end dernier contre l'implantation d'Aegis à Bâle.
Le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA) a protesté le week-end dernier contre l'implantation d'Aegis à Bâle.
Les armées privées présentes sur terre helvétique ne plaise guère au Conseil fédéral. Face aux remous suscités par l'implantation d'une société de sécurité britannique à Bâle, le gouvernement souhaite rouvrir la discussion sur une réglementation fédérale.

Le Conseil fédéral a d'ores et déjà demandé un rapport pour la fin de l'année. En mai 2008, le Conseil fédéral avait pourtant renoncé à soumettre à un régime d'autorisation et d'enregistrement les entreprises de sécurité privées basées en Suisse et actives dans des zones de crise ou de conflit à l'étranger. A l'époque, les contrôles qu'une telle réglementation aurait exigés "paraissaient exagérés, compte tenu de l'insignifiance du marché suisse".

Mais la situation a changé avec l'implantation, à Bâle, du siège administratif de la société Aegis, justifie le gouvernement. Cette société - l'un des grands acteurs mondiaux de la sécurité privée est la première de cette taille à s'implanter en Suisse. "Même si ses dirigeants assurent vouloir en maintenir le siège opérationnel à Londres, l'arrivée de ce géant dans notre pays a bouleversé la donne par rapport à 2008", considère le gouvernement dans un communiqué.

Le Département fédéral de justice et police (DFJP) va donc présenter un rapport esquissant les contours d'une possible réglementation d'ici la fin de l'année. Les cantons seront appelés à donner leur position.

Embarras sous la Coupole

Il y a une dizaine de jours, Eveline Widmer-Schlumpf avait admis, dans une interview, sa gêne face à l'établissement d'Aegis à Bâle. Cette implantation ne viole pas le droit suisse. "Mais la compatibilité avec nos valeurs, dans lesquelles le droit international humanitaire joue un rôle important, est une autre question", avait dit la cheffe du DFJP, annonçant sa volonté d'imposer des règles uniformes d'autorisation et de contrôle.

La commission de la politique de sécurité du Conseil national a aussi abordé ce sujet lors de sa séance de mardi. Pour elle, il n'est pas admissible que des armées privées prennent pied en Suisse. L'ensemble des intervenants se sont prononcés pour une interdiction, selon Eric Voruz (PS/VD). Diverses interventions parlementaires ont été déposées.

ats/ps

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Aegis, un géant de la sécurité

Basée à Londres, Aegis est une des plus importantes armées privées du monde, qui selon les renseignements disponibles emploierait quelque 20'000 personnes. Elle est principalement active en Irak et en Afghanistan, sous-traitant des activités en particulier pour le compte du gouvernement américain.

La société s'est dotée d'une holding avec siège à Bâle disposant d'un capital nominal de 225'000 francs. Son bénéfice net est chiffré à 10,1 millions de livres (16,7 millions de francs). Aegis a assuré qu'elle ne fera pas d'affaires depuis la Suisse. Elle prétend avoir choisi la Suisse pour ses avantages "de par sa position géographique, sa transparence comptable et son système fiscal stable". Aegis voit également d'un bon oeil la proximité des institutions onusiennes et des ONG, avec lesquelles elle entend collaborer.