L'initiative, qui sera traitée la semaine prochaine par la Commission de l'économie et des redevances et prochainement par le National, n'est rien d'autre qu'un cheval de Troie visant à étendre massivement les horaires des commerces, dénonce vendredi Vania Alleva, membre du comité directeur d'Unia.
"Il s'agit d'une attaque inacceptable contre une liberté essentielle - la liberté de ne pas devoir être disponible 24 heures sur 24", ajoute-t-elle. Et d'accuser certains employeurs et leurs relais politiques d'accroître toujours plus la pression pour prolonger indéfiniment les heures d'ouvertures des commerces.
La tactique du salami
André Daguet (PS/BE) renchérit, fustigeant cette "tactique du salami" des employeurs. "Un nombre croissant d'exceptions - ici un dimanche ou une nocturne, là une gare, une station-service ou une zone touristique - font que peu à peu l'exception devient la règle", a affirmé le conseiller national socialiste. En conséquence, l'Union syndicale suisse (USS) réclame une stricte application de la loi en vigueur, qui n'autorise le travail nocturne qu'en cas de nécessité technique ou économique.
Unia craint en outre une généralisation de la libéralisation des horaires de travail à d'autres secteurs que celui de la vente, qui emploie à lui seul quelque 300'000 personnes en Suisse, selon le syndicat. "Car, lorsqu'un commerce peut ouvrir le dimanche ou la nuit, cela entraîne une extension des horaires d'autres corps de métiers: livraisons de produits frais, nettoyage, sécurité", relève Jean-Christophe Schwaab.
Stress et risques de cancer
"Les "besoins des consommateurs", qui on le sait ne suffisent pas à remplir les commerces 24 heures sur 24, justifient en fait un report du risque sur les salariés", note Jean-Christophe Schwaab, secrétaire syndical de l'USS. Le syndicat souligne qu'aucune convention collective de travail (CCT) n'a été conclue pour le personnel concerné, comme promis par les employeurs. Et rappelle que de nombreuses études médicales ont montré que le travail de nuit peut engendrer stress et risques de cancer notamment.
"La question des heures d'ouverture des magasins devient un enjeu central des conditions de travail", lance Joël Varone, secrétaire syndical d'Unia Genève. Un aspect parfaitement compris par la population qui a exprimé son soutien envers le personnel à plusieurs reprises, fait-t-il remarquer.
ats/dk
Fronde à Mon Repos et à Genève
Pour rappel, le Tribunal fédéral a interdit récemment aux magasins des stations-service de la région zurichoise de rester ouverts entre 01h00 et 05h00, estimant que les produits qu'ils proposent ne justifient pas une exception à l'interdiction de travailler de nuit.
Dans le canton de Genève, un référendum vient d'aboutir contre une nouvelle extension des horaires. "Un signal de ras-le-bol de la population à des logiques de grandes entreprises qui veulent toujours faire passer les mêmes à la caisse", selon Joël Varone.
Unia brandit la menace d'un référendum à l'échelle nationale, si la droite parlementaire privait de toute protection les employés des magasins des stations-service. "Nous ne nous laisserons pas imposer de nouveaux 'besoins', puisqu'il s'agit uniquement de permettre à quelques-uns d'accroître encore leurs profits", lâche André Daguet.