Muni de 110'901 signatures, ce texte veut ancrer le service universel dans la constitution. L'initiative en donne une définition stricte: un réseau postal couvrant tout le territoire ainsi qu'un accès rapide et facile aux prestations pour tous les habitants.
Pour financer ce modèle, elle réclame le maintien du monopole des lettres jusqu'à 50 grammes ainsi que le développement du secteur bancaire de La Poste, en lui permettant de s'étendre au marché des crédits et des hypothèques. Cette banque postale serait détenue à 100% par le géant jaune.
Il y a une année, à l'occasion de la révision de la loi sur la poste, le Conseil des Etats avait approuvé à une très courte majorité (20 voix contre 19) le projet de libéralisation totale du marché concocté par le Conseil fédéral. Mais en mai, la commission préparatoire du Conseil national s'y est opposée, par 12 voix contre 11 et 1 abstention.
Elle propose de retirer de la révision les dispositions relatives à l'ouverture complète du marché et de charger le Conseil d'évaluer les conséquences de l'abaissement, depuis juillet, de la limite du monopole de La Poste sur les lettres de 100 à 50 grammes. Le gouvernement devrait ensuite remettre un rapport sur les mesures à venir.
Menace de référendum
Le National tranchera lors de la session qui débute le 13 septembre entre cette idée et la libéralisation totale. S'il opte pour la deuxième solution, "nous lancerons le référendum", a prévenu Alain Carrupt, président du syndicat de la communication, à l'occasion du dépôt de l'initiative.
Fort des quelque 111'000 signatures récoltées en cinq mois, il se dit convaincu que "la population veut une poste présente dans tout le pays". Une libéralisation totale ne profiterait qu'aux grandes entreprises et "les gens ne veulent plus payer pour permettre à des sociétés comme UBS d'envoyer leurs lettres à meilleur prix". Restructuration d'offices
Avec son initiative, le syndicat entend également mettre fin à la fermeture de bureaux de poste, en particulier dans les régions périphériques. Au cours des dernières années, La Poste a restructuré quelque 900 offices, les remplaçant par des guichets dans des magasins ou un service à domicile. Le géant jaune entend examiner la pertinence de quelque 420 autres bureaux d'ici 2011.
ap/cht
La Poste critique
Pour La Poste, l'initiative déposée jeudi met en danger les nouveaux modèles d'offices aux heures d'ouverture favorables à la clientèle, écrit-elle dans un communiqué. Et de préciser que par rapport à 2005, 80 nouveaux "points d'accès" pour les clients ont été créés.