La centaine de manifestants présents à Genève reprochent à Henry Kissinger d’avoir notamment été impliqué dans le coup d'Etat du 11 septembre 1973 au Chili, qui a vu le renversement du gouvernement de Salvador Allende et l'arrivée au pouvoir du général Pinochet.
Les manifestants ont déploré que l'ancien secrétaire d'Etat américain n'ait jamais remis en cause ses décisions de l'époque. Henry Kissinger ne répond pas à la justice internationale, a regretté l'association Comité Mémoire et Justice, qui a organisé le rassemblement devant l'Hôtel Intercontinental.
Pour beaucoup de manifestants, l'ancien dirigeant devrait être jugé "pour tout ce qu'il a commis en Amérique du Sud et ailleurs dans le monde".
L’Afghanistan au cœur du discours
L'ex-secrétaire d'Etat américain n'a, semble-t-il, pas croisé les manifestants. Dans son discours, il a évoqué les guerres actuellement menées par l'Amérique, et notamment l'Afghanistan. Il a appelé à une alliance de pays pour la protection et la garantie de ce pays. "Le rôle unilatéral des Etats-Unis ne peut pas être une solution à long terme", a-t-il relevé.
Il a estimé que l'Iran, le Pakistan, la Chine, mais aussi l'Ouzbékistan ou le Tadjikistan avaient tous un intérêt vital dans un Afghanistan "cohérent et stable". A l'avenir, a aussi relevé Henry Kissinger, les engagements militaires américains devront satisfaire certains critères. L'opinion publique va insister sur la nécessité d'avoir des objectifs clairs et sur la possibilité de pouvoir les atteindre, a-t-il dit.
Il a encore estimé que les conditions économiques et les conséquences qu'elles pourraient avoir sur le budget militaires joueront aussi un rôle.
Concernant les dossiers nucléaires iranien ou nord-coréen, l'ancien secrétaire d'Etat a estimé que la stratégie de négociations et de sanctions est devenue une "méthode" utilisée par les Etats proliférateurs pour gagner du temps. Le temps a montré que cette stratégie n'a donné aucun résultat.
ats/bkel
Micheline Calmy-Rey décline l'invitation
La conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey avait été invitée à la réunion de l'IISS. La cheffe du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) y a finalement renoncé.
Selon le DFAE, sa décision n'a "rien à voir" avec la présence de Henry Kissinger. Mais les organisateurs font le lien. "Elle a clairement dit qu'elle n'y allait pas", a déclaré vendredi le président du parti socialiste genevois René Longet.