Pour le directeur de la police du canton de Berne, qui affrontait pour la première fois les médias, les policiers font tout ce qui est humainement possible pour mettre la main sur le retraité de 67 ans. Sur un ton ironique, il a relevé que la Suisse comptait des milliers d'experts qui jugent l'action de la police.
"Mais nous ne sommes pas dans une série télévisée qui dure 45 minutes", a-t-il dit. L'opinion publique s'étonne que le forcené soit apparemment connu depuis des années des autorités, a souligné Hans-Jürg Käser. Mais dans la foulée il a ajouté qu'en raison de la protection des données, les informations ne sont pas toujours échangées ou transmises aux forces de l'ordre.
Sécurité primordiale
La police n'a pas voulu confirmer des informations selon lesquelles le forcené biennois figurait depuis 2007 dans le système automatisé de recherches policières RIPOL. Après le Grand Conseil bernois, le conseiller d'Etat estime à son tour nécessaire de procéder à un examen critique de cet engagement policier pour mettre en lumière d'éventuelles dysfonctionnements. Mais pour le moment la priorité est l'arrestation du fugitif qui a grièvement blessé un policier, a souligné Hans-Jürg Käser.
La police estime que cet homme est en vie même s'il ne s'est plus manifesté depuis une semaine. "Nous avons des indices qui nous font croire qu'il est toujours vivant", a relevé le commandant de la police Stefan Blättler. Se retranchant derrière l'opération en cours, il n'a pas voulu donner plus de détails. La maison du forcené, au quartier des Tilleuls, a une nouvelle fois été investie par les enquêteurs jeudi matin. Des documents et des objets ont été emportés pour être examinés.
Le commandant n'a pas voulu dire si les précédentes perquisitions avaient permis de faire progresser les recherches pour retrouver le sexagénaire. Stephan Blättler n'a non pas voulu dire combien de jours ou de semaines cet imposant dispositif policier pouvait être maintenu. Mais il a relevé que la sécurité de la population était primordiale. Evoquant le fugitif, il a rappelé que sa colère se dirigeait contre des représentants de l'Etat.
Vaine opération à Plagne
En matinée, la police avait annoncé que la vaste opération de recherches menée mercredi à Plagne, au-dessus de Bienne, pour retrouver le forcené n'avait rien donné, indique jeudi la police bernoise. Deux personnes qui le connaissaient ont été interpellées, avant d'être remises en liberté. La police n'a pas donné d'autre détail sur ces deux individus.
Deux maisons connues du fuyard ont également été fouillées mais la police ne dit pas s'il s'agissait de planques. Du matériel qui a été saisi dans l'une des deux habitations est en train d'être analysé. C'est sur la base d'indications recueillies par les forces de l'ordre que l'opération a été déclenchée. Toutes les voies d'accès autour de ce village du Jura bernois, qui compte quelque 380 habitants, ont été barrées sur un large périmètre.
agences/dk
Un trou de 30 ans
Le parcours de vie du forcené demeure très difficile à reconstituer. Selon une information de la TSR, cet homme n'est pas mathématicien diplômé de l'EPFZ, comme l'affirmait la presse. Les registres de l'institution n'ont même pas trace d'une éventuelle inscription du fugitif.
Selon plusieurs médias, l'homme affirmait pourtant être diplômé de l'EPFZ dans des lettres découvertes à son domicile biennois.
Autre fait troublant, alors que le forcené se présentait comme un enseignant, les investigations menées par la TSR auprès des différentes écoles biennoises - Haute école d'ingénieurs, Ecole professionnelle, Haute école pédagogique, gymnases - se sont avérées vaines. L'homme semble ainsi avoir inventé son passé professionnel.
Les traces qu'il a laissées permettent d'affirmer qu'il est né le 9 juillet 1943 à Bienne et qu'il s'est annoncé partant aux autorités de la cité seelandaise le 2 juillet 1963. L'homme avait déclaré son intention d'aller habiter à Berne. Ensuite, l'homme a déposé à nouveau ses papiers à Bienne le 20 janvier 1976 pour les retirer neuf jours plus tard seulement.
Depuis 2006, la police des habitants soupçonne que le forcené est retourné dans la maison familiale, mais on n'a aucun idée sur l'emploi du temps de 1976 à 2006.
L'homme a été sommé plusieurs fois de se présenter auprès du contrôle des habitants. Il a fait recours contre au moins une amende qui lui avait été infligée. En 2007, le dossier a été transmis à la justice. L'affaire est depuis lors dans les mains d'un juge d'instruction.