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Forcené: retour sur une traque pleine de suspense

Une photo non datée de l'homme qui a tenu la police en échec jusqu'à la nuit dernière.
Une photo non datée de l'homme qui a tenu la police en échec jusqu'à la nuit dernière.
Après une traque qui a tenu la Suisse en haleine et donné du fil à retordre à la police cantonale bernoise, celui que l'on surnomme le forcené de Bienne a été arrêté vendredi matin très tôt dans les hauts de la ville. Retour chronologique sur cette traque incroyable.

Le forcené de 67 ans a été arrêté sans effusion de sang vendredi dans la région biennoise. Cette chasse à l'homme a mobilisé des moyens considérables, tant en hommes qu'en matériel.

Jeudi 2 septembre: une annonce est publiée dans la presse régionale annonçant la mise aux enchères à la suite d'une décision de justice d'un immeuble sis au Chemin Mon-Désir 9 à Bienne. Les intéressés sont invités à le visiter le mercredi 8 septembre entre 15h00 et 17h00.

Mercredi 8: le propriétaire de l'immeuble se barricade chez lui et annonce que sa maison, dans laquelle il est né, n'est pas à vendre. Il y vit seul et reclus depuis des années et s'oppose à sa soeur qui veut la vendre. Il est également en conflit avec les autorités biennoises auxquelles il écrit de longues lettres. En matinée, la police intervient dans le quartier des Tilleuls, où se situe la maison, boucle plusieurs rues alentour et prend position autour du numéro 9. Le forcené tire un coup de feu. Une quarantaine d'habitants des maisons du coin sont évacués, la police craignant des explosifs.

Malgré tous ses efforts, la police ne parvient toujours pas à attraper le forcené. [KEYSTONE - LUKAS LEHMANN]
Malgré tous ses efforts, la police ne parvient toujours pas à attraper le forcené. [KEYSTONE - LUKAS LEHMANN]

Jeudi 9 à 1h00: en pleine nuit, l'homme de 67 ans sort brusquement de sa maison et fait feu sur un membre de l'unité spéciale de la police cantonale bernoise. Grièvement blessé à la tête, l'agent est hospitalisé. Il est aujourd'hui hors de danger. Au petit matin, les forces de l'ordre pensent que l'homme est toujours retranché chez lui et continuent à cerner la maison. Un hélicoptère Super Puma équipé d'une caméra infrarouge est appelé en renfort et survole longuement le quartier. à 8h00, les élèves qui se rendent à l'école apprennent que leurs cours n'auront pas lieu. Ceux qui ne peuvent rentrer chez eux sont regroupés dans la halle de gymnastique. Les rumeurs selon lesquelles le forcené s'est enfui commencent à circuler.

Jeudi 9 à 14h30: la police confirme que l'homme s'est bel et bien échappé et lance un avis de recherche national. Epaulées par des renforts d'autres cantons, les forces bernoises entament une vaste chasse à l'homme qui mobilise plus d'une centaine d'hommes. En soirée, les habitants évacués peuvent rentrer chez eux.

Vendredi 10: à minuit et demi dans la nuit de jeudi à vendredi, le forcené revient vers son domicile et fait feu sur les agents en faction, qui ripostent. Personne n'est blessé mais l'homme réussit une nouvelle fois à prendre la fuite. Les écoles restent fermées mais le calme revient dans le quartier. Devant la presse, le chef de la police pour la région se défend en expliquant que le forcené "a toujours une longueur d'avance". De nombreuses interrogations restent néanmoins ouvertes.

Samedi 11: pour la première fois depuis le début de la traque, la nuit a été calme. Mais le fugitif reste introuvable. Un profil de lui commence à se dessiner. Il apparaît qu'il a minutieusement préparé son coup, depuis longtemps, et qu'il voue une haine féroce aux autorités. Des représentants de l'Etat sont placés sous protection et des agents en civil remplacent ceux en uniforme.

Dimanche 12: un proche du fugitif lui lance un appel via la police, afin qu'il le contacte. Sur le terrain, la police est toujours bredouille. Les autorités décident de maintenir l'école du Tilleul fermée lundi. Les plus grands seront déplacés et les plus jeunes resteront chez eux.

Des tracts, sur lesquels figurent une photo d'un proche du forcené, ont été largués sur le quartier des Tilleuls. [KEYSTONE - PETER KLAUNZER]
Des tracts, sur lesquels figurent une photo d'un proche du forcené, ont été largués sur le quartier des Tilleuls. [KEYSTONE - PETER KLAUNZER]

Lundi 13: la chasse à l'homme se poursuit. En début de soirée, la police largue par avion des tracts sur lesquels est reproduit l'appel lancé par la connaissance du fugitif. Une vingtaine de personnes se réunissent au centre de Bienne pour manifester leur "solidarité" avec le fuyard. Sur Facebook, l'homme est pris pour une sorte de héros.

Mardi 14: la police mène de nouvelles investigations dans la maison du forcené, et découvre, dans des caches, des armes ainsi que 50'000 francs en liquide. Les forces de l'ordre n'ont toujours aucun contact avec le fugitif.

Mercredi 15: la police mène une vaste opération aux alentours de Plagne, dans le Jura bernois. Deux maisons connues du fuyard sont fouillées et des personnes qui le connaissaient interpellées. A Bienne, l'école primaire reprend, mais dans un autre bâtiment de la ville.

Jeudi 16 septembre: le commandant de la police Stefan Blättler (à gauche) en conférence de presse. [KEYSTONE - MARCEL BIERI]
Jeudi 16 septembre: le commandant de la police Stefan Blättler (à gauche) en conférence de presse. [KEYSTONE - MARCEL BIERI]

Jeudi 16: le commandant de la police cantonale bernoise, Stefan Blättler, indique avoir des indices qui laissent penser que le fugitif est toujours vivant. En charge de la sécurité dans le canton, le conseiller d'Etat Hans-Jürg Käser défend ses hommes. Il annonce néanmoins une analyse "critique" de l'opération une fois que celle-ci sera terminée. Après une semaine, les élèves de l'école enfantine reprennent les cours, mais ailleurs. Le soir, la séance du Conseil de ville biennois se déroule sous surveillance policière.

Vendredi 17: à 08h12, la police cantonale bernoise informe par communiqué avoir réussi à capturer le forcené. L'homme a été légèrement mordu par un chien mais est en bonne santé.

ats/mej

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