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Le forcené est écroué mais les questions demeurent

Même après la conférence de presse, de nombreuses questions demeurent.
Même après la conférence de presse, de nombreuses questions demeurent.
L'arrestation du forcené de Bienne ne met nullement fin à l'affaire. De nombreuses questions restent ouvertes, auxquelles la justice devra répondre. Les autorités politiques et policières devront également faire face aux critiques qui les accusent de négligence, voire de dysfonctionnement.

Qu'a fait le fugitif depuis qu'il a échappé aux policiers, blessant grièvement l'un d'eux, dans la nuit du 8 au 9 septembre? Où s'est-il terré? Qu'a-t-il fait de son arme puisqu'au moment de son interpellation, il ne l'avait pas sur lui? A-t-il bénéficié de complices? A toutes ces questions, le commandant de la police cantonale bernoise Stefan Blättler n'a pas pu ou pas voulu répondre, renvoyant à l'enquête en cours, menée par le juge d'instruction Peter Schmid.

Le forcené de Bienne arrêté
Le forcené de Bienne arrêté

Après avoir ouvert une instruction pour tentative de meurtre et mise en danger de la vie d'autrui, celui-ci devait auditionner le prévenu une première fois vendredi. L'enquête de justice devrait également dissiper les zones d'ombres sur les mois et les années qui ont précédé l'éclatement de l'affaire. Il s'agit en particulier de cerner le profil et le parcours de vie de cet homme de 67 ans. Comment se fait-il qu'il a pu vivre pendant des années à Bienne sans être annoncé auprès du service de la population?

Le couac de la photo

Dans un premier temps, la police, qui diffuse une fausse photo du fugitif, le présente comme un vieux monsieur vivant reclus et qui refuse de voir sa maison être vendue aux enchères. Des habitants du quartier le jugent bizarre mais pas méchant. Ils disent l'avoir vu travailler la nuit dans son jardin muni d'une lampe.

Au fil des jours, la police change son portrait et parle d'un homme mystérieux, ingénieur de formation, en conflit depuis des années avec les autorités, auxquelles il a écrit des centaines de pages. Il apparaît qu'il a planifié son action depuis des mois, voire des années, mu par la haine qu'il voue à l'Etat. Seule la mort semble pouvoir mettre un terme à sa folie.

Enquête sur les dysfonctionnements

Le public apprend également qu'une procédure de mise sous tutelle a été envisagée il y a quelques années mais qu'elle n'a pas abouti. L'homme se serait ensuite vu désigner un conseiller légal pour la défense de ses intérêts administratifs et financiers, mais aurait toujours refusé de le rencontrer.

Faro, le héros du jour, est bien le seul à faire l'unanimité parmi la population. [KEYSTONE]
Faro, le héros du jour, est bien le seul à faire l'unanimité parmi la population. [KEYSTONE]

D'autres dysfonctionnements pourraient également être survenus entre les différents services, si bien que l'exécutif de la Ville de Bienne a décidé vendredi matin de mener une vaste enquête interne, a indiqué la directrice de la sécurité Barbara Schwickert. Confiée à la chancellerie, celle-ci a pour "but de déterminer ce qui peut être amélioré". Quant à la police, elle mènera également sa propre analyse, a répété Stefan Blättler. "Des conclusions seront tirées le cas échéant", a-t-il promis.

Faro, le héros du jour

Pour avoir réussi à arrêter le forcené de Bienne, Faro, le chien de la police de Bâle-Campagne, récolte de nombreuses louanges sur internet. "Y a en au moins un qui fait son travail", écrit un lecteur sur le site du Matin. Nombreux sont les lecteurs qui restent fâchés contre la police. Pas tant contre les agents sur le terrain, mais contre leurs chefs qui auraient dû mieux "coordonner" l'action, précisent plusieurs internautes, notamment sur le site du Bieler Tagblatt.

Quant à celles et ceux qui ont pris la défense au cours des derniers jours du forcené, ils n'ont trouvé aucune compréhension auprès de la responsable de la sécurité de la ville de Bienne Barbara Schwickert. "Ce n'est pas un héros mais un pauvre homme qui a perdu la tête", a-t-elle dit, rappelant qu'il avait grièvement blessé un policier à la tête.

ats/mej

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