Mgr Genoud a lutté jusqu'au bout avec courage contre la maladie, qu'il avait rendu publique début octobre 2009. "Il a été admirable et d'une sérénité remarquable", a dit Rémy Berchier, vicaire général du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg.
L'état de santé de l'évêque, qui résidait à l'EMS de La Providence, en vieille ville de Fribourg, s'était "considérablement dégradé" ces derniers jours. Il avait annoncé en octobre dernier être atteint d'un cancer du poumon. Il n'avait jamais caché être un fumeur. Le corps du religieux défunt reposera en la chapelle de l'évêché jeudi de 11h00 à 16h00 et vendredi de 11h00 à 18h45.
Une veillée de prière sera célébrée vendredi, à 19h00, dans les quatre cantons du diocèse. A Fribourg, elle aura lieu à la cathédrale St-Nicolas, à Lausanne à l'église du Sacré-Coeur, à Genève à la basilique Notre-Dame de l'Immaculée Conception et à Neuchâtel, à la basilique Notre-Dame de l'Assomption. Ses funérailles seront célébrées en la cathédrale St-Nicolas à Fribourg samedi 25 septembre à 10h00.
Difficiles années
Bernard Genoud est né le 22 février 1942 à Châtel-St-Denis (FR). Il est ordonné prêtre en 1968. Après trois années de ministère à Montreux (VD), il reprend ses études et décroche une licence de philosophie à l'Université de Fribourg. S'ouvre alors pour lui une longue carrière d'enseignant en philosophie: au collège St-Michel à Fribourg, à celui de Bulle (FR) ensuite.
Dès 1994, il s'occupera de la formation des futurs prêtres au séminaire diocésain. Il sera également chargé de cours à l'Université de Fribourg jusqu'à sa nomination à la tête de l'évêché en 1999. Il a été curé de Lessoc, une petite paroisse du district de la Gruyère, de 1981 à 1994. C'est en souvenir de ces années qu'il a célébré en mars 2009 les obsèques de la jeune Lucie, victime d'un meurtre alors qu'elle était fille au pair en Suisse alémanique.
Les dernières années de Mgr Genoud ont été assombries par bien des souffrances dues tant à sa santé qu'aux remous ayant secoué le diocèse. En octobre dernier, l'évêque avait révélé devoir suivre une chimiothérapie suite à la découverte d'une tumeur dans son poumon droit, sans lien toutefois avec un premier cancer dont il avait été victime en 2007. Il avait alors promis de rendre compte de sa santé devant la presse. Ce qu'il a fait en mars dernier. Les médecins concluaient alors à une bonne rémission partielle.
"Je suis un lutteur"
Mgr Genoud s’était montré confiant et espérait reprendre ses activités en juin. Mais l'évêque a subi une rechute en mai. Après une hospitalisation de près d'un mois, Mgr Genoud a été transféré fin juin à l'EMS de La Providence, en basse-ville de Fribourg. Il y a suivi des thérapies de confort. "Je vis bien ma maladie, même si je me sens fatigué et même si j'en connais l'issue", avait-il déclaré dans plusieurs interviews.
Depuis l'automne dernier, l'évêque avait fait ici et là quelques apparitions au cours desquelles sa maigreur et sa fatigue étaient manifestes. Il avait réduit ses activités, mais n'avait renoncé à aucune de ses prérogatives. Le prélat avait annoncé la couleur lorsqu'il avait rendu publique sa maladie: "Je n'ai peut-être pas le gabarit, mais je suis un lutteur", avait-il lancé. A aucun moment, il n'a envisagé se retirer.
Idem lorsque le bateau épiscopal avait tangué à cause de plusieurs affaires impliquant des membres du clergé. Mgr Genoud a dû en particulier affronter la tourmente soulevée par les affaires de prêtres pédophiles ou encore le procès de son ancien official, condamné en appel à 30 mois de prison dont 10 ferme pour escroquerie, abus de confiance et faux dans les titres. Il pouvait compter sur l'étroite collaboration de Mgr Pierre Farine, l'évêque auxiliaire, ainsi que sur les deux vicaires généraux.
Son successeur élu par le pape
Dans presque tous les pays du monde catholique, la nomination des évêques est de la compétence du Saint-Siège. Il y a quelques rares exceptions, comme les trois diocèses de Suisse alémanique, Saint-Gall, Bâle et Coire, au bénéfice de conventions passées avec le Vatican. Le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg est ainsi soumis aux règles habituelles : "le pape nomme librement les évêques".
Une consultation de l'Eglise régionale peut être lancée par le nonce apostolique ou le conseil presbytéral. Le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg ne jouit pas de privilège papal. L'évêque est choisi librement par le pape, conformément aux règles du code de droit canonique.
Habituellement, le nonce fait une enquête sur les candidats potentiels. Il soumet son dossier et ses recommandations à la congrégation pour les évêques à Rome. Cette dernière, après examen, fait ses propositions au pape. Qui décide en dernier ressort.
Il s'agit toujours d'une décision mûrement réfléchie, qui peut prendre du temps, explique Walter Müller, porte-parole de la Conférence des évêques suisses (CES). Pour mémoire, la nomination de Mgr Genoud n'était intervenue que sept mois après le transfert de Mgr Amédée Grab de Fribourg à Coire.
agences/mej
Un évêque "de proximité"
Dans les nombreux hommages qui lui sont rendus, le mot de "proximité" est celui qui revient le plus souvent pour caractériser l'évêque.
La Conférence des évêques suisses (CES) le souligne: "Proche des hommes, il possédait le don de leur annoncer l'Evangile avec ferveur et clarté et de les rendre témoins du Christ". Il savait exercer son ministère "avec une grande sensibilité".
Mgr Genoud a toujours tenu à aller à la rencontre des gens et des jeunes en particulier. Pour preuve, son initiative de l'"Evêque au bistrot".