Près de 948'000 personnes ont glissé un "oui" dans l'urne, un peu plus de 829'000 un "non". Les opposants à la réforme ont eu de la peine à mobiliser la population alors que le pic de chômage lié à la crise est passé. L'attention de la population a peut-être aussi été détournée par les récentes élections au Conseil fédéral.
La faible mobilisation n'a pas empêché la Suisse latine de mettre les pieds au mur. Le refus a été particulièrement marqué là où le chômage est fort. Les Jurassiens ont été les plus catégoriques avec 76% de "non". Ils sont suivis par les Neuchâtelois à 67,8%, les Genevois à 60,5%, les Fribourgeois comme les Vaudois à 55,6% et les Valaisans à 55,3%. Le Tessin a aussi rejeté la révision à 58%.
Dans le canton de Berne, le Jura bernois et Bienne n'en veulent pas non plus, mais la majorité a fait pencher la balance en faveur de la réforme avec 53,6% de "oui".
A l’exception de Bâle-Ville
Outre-Sarine, seul le canton de Bâle-Ville rejoint du bout des lèvres le camp des opposants (50,4%). Bâle-Campagne est de l'autre côté de la barrière avec 53,4% de "oui". La plus forte acceptation a été enregistrée à Appenzell Rhodes-Intérieures, avec 72,6%, suivi par Obwald à 69,1% et Zoug à 67,8%.
Désavouée par la majorité, partis de gauche et syndicats n'ont pas réussi à renouveler le succès remporté devant le peuple en mars pour le maintien des rentes du 2e pilier.
Conseil fédéral, partis bourgeois et milieux économiques affichent le sourire. Leurs appels à assainir une assurance chômage dont la dette se creuse d'un milliard par an et atteint déjà 7 milliards ont été entendus.
Le nouveau régime devrait permettre de retrouver l'équilibre en 17 ans. Les cotisations salariales vont passer de 2 à 2,2%, financés à part égale par l'employé et l'employeur.
Un pour cent de solidarité sera en outre prélevé pour amortir la dette auprès des personnes qui gagnent entre 126'000 francs et 315'000 francs par an. Les recettes devraient augmenter de 646 millions de francs.
Coupes dans les prestations
Côté prestations, il y aura des coupes de l'ordre de 622 millions. Les assurés devront cotiser davantage et plus longtemps pour un soutien parfois plus bref. Les jeunes seront particulièrement frappés par les restrictions.
A leur grand mécontentement, les régions durement frappées par la crise ne pourront plus étendre temporairement la durée d'indemnité à 520 jours. Exit aussi la possibilité de prolonger la durée du chômage partiel. Le Conseil fédéral est légalement obligé d'assainir l'assurance. Il avait annoncé avant dimanche qu'en cas de "non", il porterait le taux de cotisation à 2,5% dès l'an prochain.
ats/nr
Le "Röstigraben" le plus net depuis 2005
La Suisse alémanique a rarement durant ces dernières années minorisé à tel point la Suisse latine qu'avec la révision de la loi sur l'assurance chômage. La dernière fois que la barrière de "Rösti" s'était nettement élevée date de 2005. Près d'un tiers des scrutins fédéraux font apparaître de tels clivages entre la Suisse alémanique et la Suisse latine.
Le "Röstigraben" est souvent apparu dans les années 90, lors de scrutins sur les assurances sociales, la politique extérieure et celle portant sur les étrangers, mais aussi sur les question de politique de sécurité, d'environnement et de transports. Sur les dossiers sociaux, le Tessin vote souvent comme la Suisse romande. Mais, sur les questions de politique étrangère, il se rallie plutôt à la Suisse alémanique.
Lors des scrutins des dernières années, la barrière de "Rösti" s'est quelque peu effacée. Dans les questions de politique extérieure, les Romands se sont rapprochés des Alémaniques. C'est plutôt un fossé entre villes et campagne qui s'est ouvert, récemment encore avec l'initiative contre les minarets en 2009.