Le nouveau régime de l'assurance chômage avalisé par le peuple doit entrer en vigueur rapidement, estime la présidente de la Confédération et cheffe du Département de l’économie. Le Conseil fédéral fixera la date exacte lors d'une de ses prochaines séances. Ce sera en tout cas en 2011, a annoncé dimanche la présidente de la Confédération Doris Leuthard.
L'incertitude de calendrier concerne la réduction des prestations. Pour les cotisations salariales, le relèvement de 2 à 2,2% s'appliquera dès le 1er janvier.
"Röstigraben" pris au sérieux
Satisfaite du résultat du scrutin, la conseillère fédérale a dit prendre très au sérieux le "Röstigraben". La Confédération ne laissera aucune région sur le carreau, même celles qui ont des difficultés structurelles, a-t-elle assuré en renvoyant aux moyens déployés dans le cadre de la nouvelle péréquation financière et de la nouvelle politique régionale.
La conseillère fédérale s'est dite ouverte à la discussion avec les cantons touchés par un taux de chômage important. "Il faut tenir compte des divergences, mais il faut aussi un droit uniforme qui s'applique à tout le pays."
Selon Mme Leuthard, le nouveau régime garantit de bonnes prestations de base. Grâce au pour cent de solidarité, les assurés aux revenus confortables contribueront davantage sans recevoir plus de prestations.
-L'Union syndicale suisse se dit inquiète. L'organisation faîtière syndicale parle d'appel au secours des régions touchées par la crise, à l'image du canton du Jura où le non dépasse 75%. "Il faut des mesures pour ces régions jusqu'à la fin de la crise", a déclaré Daniel Lampart, chef économiste de l'USS.
"Le Conseil fédéral a une marge de manoeuvre: il doit attendre que la conjoncture se stabilise pour mettre en oeuvre la nouvelle loi." Avec la nouvelle loi, les cantons frappés d'un fort taux de chômage ne pourront plus demander de prolongation du nombre de jours d'indemnités, ce qui est possible avec la loi actuelle.
PS et Verts déçus
Le Parti socialiste regrette aussi l'acceptation de l'assurance chômage par le peuple. Il plaide pour que les régions touchées par la crise ne soient pas privées des mesures de soutien et demande que la réduction dans les prestations n'entre en vigueur qu'au plus tôt en 2012.
"Le 'non' clair en Suisse romande montre clairement que là où la situation économique est plus difficile, un vrai débat sur les conséquences de la loi révisée a eu lieu", relève le PS dans un communiqué. Ce 'Röstigraben" est préoccupant.
Pour sa part, le président des Verts Ueli Leuenberger "regrette vivement" le "oui" à la révision de l'assurance chômage. Il estime que la réalité vécue au quotidien par les chômeurs n'a pas assez été prise en compte.
"Je déplore que la notion de solidarité ait aussi mal passé" auprès de la population et que la participation ait été aussi faible, a ajouté le conseiller national genevois.
Partis bourgeois aux anges
A droite, le Parti libéral-radical se réjouit que le vote de dimanche mette un terme à l'endettement croissant de l'assurance chômage, a indiqué son président Fulvio Pelli. Interrogé sur le refus massif en Suisse romande et au Tessin, le radical estime que la révision ne touchera au final que peu de chômeurs.
La Suisse romande et le Tessin n'ont pas saisi la portée de cette nouvelle loi et se sont focalisés sur la réduction des prestations. "Mais il s'agit seulement d'adaptations de détail qui toucheront au final peu de chômeurs", soutient-il.
Le président du Parti démocrate-chrétien Christophe Darbellay a fait part de sa "grande satisfaction" après le "oui" à la révision de l'assurance chômage. "Il s'agit d'une victoire pour le PDC, pour Doris Leuthard et pour la politique du centre", a-t-il déclaré.
Christophe Darbellay n'est par ailleurs pas étonné par le refus des cantons romands. "Ce n'est pas une surprise. La sensibilité pour les questions sociales est plus marquée en Suisse Romande et la crise a davantage touché" ce côté du pays.
L'UDC salue de son côté un "choix pragmatique" après l'acceptation par le peuple de la révision de l'assurance chômage. Ce "oui" représente un signal clair contre les abus et les incitations contre-productives qui marquent aujourd'hui l'assurance chômage, écrit le parti dans un communiqué.
Milieux économiques soulagés
Pour l'Union patronale suisse, le 'oui' à la révision de l'assurance chômage (LACI) confirme le caractère équilibré de la loi. Le peuple est d'accord de cotiser davantage si dans le même temps les prestations sont mieux ciblées, estime son directeur Thomas Daum.
Il s'est montré étonné de l'ampleur de la victoire du 'oui'. "J'avais compté sur un résultat plus serré", a-t-il confié. Il ne s'est pas montré surpris par le net refus des cantons romands, la Suisse romande étant plus concernée par le chômage. "La votation en Romandie est tombée à un mauvais moment", concède-t-il, reconnaissant implicitement l'effet de la crise sur le résultat.
Economiesuisse espère pour sa part que le 'oui' net à la révision de l'assurance chômage serve d'exemple pour les autres assurances sociales. L'organisation faîtière des milieux économiques réclame l'application du frein à l'endettement à l'AVS, l'AI et l'aide sociale.
ats/nr