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Le loup sera moins bien protégé en Suisse

Il aura fallu moins de 10 jours aux gardes-faune pour abattre l'animal. [Service d'information du canton du Valais]
A l'avenir, le loup ne devrait plus être une espèce strictement protégée. - [Service d'information du canton du Valais]
Le loup devrait pouvoir être chassé pour réguler sa population. Le National a adopté jeudi une motion qui exige une modification de la Convention de Berne en ce sens. Il s'agit de faire passer le loup "d'espèce strictement protégée" à celle "d'espèce protégée". L'animal aurait ainsi le même statut que le lynx.

Le National s'est rangé, par 92 voix contre 79, derrière la motion du du sénateur Jean-René Fournier (PDC/VS) qui exige une modification de la Convention de Berne. Le Parlement charge ainsi le Conseil fédéral d'obtenir une modification de cette convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe, de sorte qu'un Etat puisse faire valoir à tout moment des réserves, c'est-à-dire aussi après la ratification.

Au cas où le gouvernement parviendrait à faire modifier la Convention de Berne, il devrait émettre une nouvelle réserve concernant le loup stipulant qu'il peut être chassé à certaines conditions. A l'inverse, si la convention demeurait inchangée, le gouvernement devrait la dénoncer afin de pouvoir adhérer une nouvelle fois mais en formulant des réserves.

Un débat passionné

La Chambre du peuple s'est penchée sur une gerbe d'interventions consacrées au loup. Les échanges ont été parfois passionnés entre les protecteurs du grand canidé, principalement Verts et socialistes, et ceux qui s'inquiètent des dégâts qu'il provoque, notamment aux troupeaux de moutons.

"Ce débat montre combien le loup suscite l'émotion", a résumé le conseiller fédéral Moritz Leuenberger. Il révèle aussi des fossés culturels dans le pays à son sujet: "Le loup est idéalisé par certains, détesté par d'autres", a ajouté le ministre de l'environnement.

En suivant le Conseil des Etats, le National a opté pour la ligne la plus dure, défendue par Roberto Schmidt (PDC/VS). Par 94 voix contre 81, il a désavoué sa commission qui refusait d'exiger la dénonciation de la convention en cas d'échec des négociations.

Conseil fédéral désavoué

Certains élus, soutenus par Moritz Leuenberger, ont argué en vain que la convention est très importante pour la protection des espèces et qu'elle ne concerne pas que le loup. Le Conseil fédéral est d'accord de restreindre la protection du loup, mais dans le cadre de la convention, a précisé le ministre de l'environnement.

Lors de la ratification du texte par la Suisse en 1980, il n'y avait pas de loup dans le pays. La situation a changé, a expliqué Laurent Favre (PLR/NE), au nom de la commission, pour justifier la réserve exigée, qui placerait le loup au même degré de protection que le lynx.

Le loup n'est plus en danger et il ne faut plus le protéger aussi strictement, a-t-il ajouté. Plusieurs élus écologistes et socialistes ont volé en vain au secours du loup. "Est-ce que la Suisse a un problème avec le loup ou avec quelques loups problématiques?", a demandé Tiana Moser (Verts libéraux/ZH). "Je crois que c'est la seconde variante qui prévaut", a-t-elle tranché.

Adèle Thorens et Christian van Singer (Verts/VD) ont rappelé que, sur les 450'000 moutons recensés en Suisse, 8000 à 10'000 meurent chaque année à la suite d'un accident ou d'une maladie, alors que les loups n'en tuent qu'entre 100 et 400. En outre, les grands prédateurs régulent les effectifs du gibier, qui restent stables, a relevé Christian van Singer.

ap/ats/boi

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Mieux garder les troupeaux?

Le camp rose-vert a aussi fait chou blanc dans sa tentative d'améliorer par différentes mesures la protection et le gardiennage des troupeaux.

Le National a rejeté plusieurs motions en ce sens, déposées notamment par Franziska Teuscher (Verts/BE), Tiana Moser (Verts libéraux/ZH) et Adèle Thorens (Verts/VD).

Les deux premières demandaient que les paiements directs ne soient versés qu'aux détenteurs de moutons gardés par un berger ou rassemblés dans un enclos.

La majorité des troupeaux qui pâturent en Suisse ne sont en effet pas gardés, a relevé Franziska Teuscher.