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Affaire Vaux-sur-Morges: une injustice dénoncée

La victime a été retrouvée morte à son domicile de Vaux-sur-Morges le 9 janvier dernier.
La victime a été retrouvée morte à son domicile de Vaux-sur-Morges le 9 janvier dernier.
La famille du meurtrier présumé de la municipale de Vaux-sur-Morges, Catherine Ségalat, dénonce une enquête menée à charge par la justice vaudoise. Elle a lancé un appel à témoins pour tenter de préciser l'emploi du temps de l'accusé le soir du drame, le 9 janvier dernier.

"Nous sommes révoltés par le parti pris des enquêteurs", a communiqué la compagne du suspect. A ses yeux, plusieurs pistes n'ont pas été explorées sérieusement. Un cambriolage, en août, a montré qu'on pouvait facilement entrer dans la maison sans effraction. La semaine du drame, il y a eu seize cambriolages dans la région.

"Dès la première minute, l'enquête s'est immédiatement dirigée contre mon client parce qu'il était sur place. On n'a pas exploré les autres pistes possibles ni recherché de traces à proximité", note Me Stefan Disch. "Une battue a été faite plus de deux mois après les faits. Il aurait fallu la faire deux jours après".

Comportement étrange

L'étrange comportement de l'accusé, un généticien français de 45 ans, à la découverte du corps a créé les soupçons: il a transporté le corps de sa belle-mère, tenté de la ranimer, nettoyé sommairement les lieux puis s'est changé. Pour la famille, c'est le résultat d'un "choc post-traumatique". "A la vue du corps dans une flaque de sang, il a paniqué et a fait n'importe quoi", avance sa compagne. "Quand on veut cacher un crime, on ne nettoie pas grossièrement en disant, en plus, qu'on l'a fait et que l'on s'est changé", fait-elle remarquer.

L'accusé clame son innocence et une association, regroupant deux comités de soutien, a vu le jour pour le soutenir: le premier réunit des collègues chercheurs au CNRS en France, le second regroupe des amis et parents qui attestent que l'accusé n'est "ni violent, ni cupide". Dans cette affaire, "il n'y a pas le début d'un mobile imaginable", constate Me Stefan Disch. L'accusé devait reprendre la librairie de livres anciens de son père, à Lausanne. "Mais c'était réglé d'entente entre tout le monde", rappelle l'avocat.

Et surtout, des liens affectifs reliaient le suspect à sa belle mère de 66 ans. "Il l'aimait comme une deuxième mère", selon l'association de soutien. Le jour du drame, ils ont mangé ensemble à midi et la femme de ménage a témoigné que l'ambiance était cordiale, dit-elle.

Appel à témoins

L'autopsie a pourtant révélé que la municipale a été sauvagement agressée: elle présentait de nombreuses plaies au visage et de multiples fractures du crâne. Autre mystère: on n'a pas retrouvé l'arme du crime, un "objet contondant", peut-être un marteau.

Pour faire émerger "la vérité", l'association a créé un site internet et publié un appel à témoins pour retrouver les personnes qui ont vu le suspect le 9 janvier entre 17h30 et 21h. Elle recherche un client venu à la librairie vers 17h30 et un automobiliste qui a proposé son aide sur la route enneigée à la sortie de l'hôpital de Morges. "Les derniers éléments techniques traçables nous prouvent que mon client était à 17h30 à la librairie à Lausanne", a dit Me Disch.

La famille aimerait trouver des témoignages pour reconstituer la suite. Pour l'instant, l'appel n'a rien apporté d'intéressant

ats/vig

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Les autorités restent muettes

Les autorités d'enquête ne souhaitent pas répondre aux critiques de la famille.

Fin août, le Tribunal fédéral a refusé d'accorder à l'inculpé une mise en liberté provisoire, parlant d'un "faisceau d'indices suffisants" pour un maintien en détention.

La famille de la victime s'est constituée partie civile, avec Jacques Barillon comme avocat.

Selon la défense, le juge d'instruction arrive au bout de son instruction. Il attend encore le rapport de l'expert psychiatre. Nul doute que les parties réclameront des mesures d'instruction complémentaires.