"Faire le deuil de vieilles traditions et moderniser une armée peut s'avérer fascinant", assure jeudi le conseiller fédéral dans une interview au Bund et au Tages-Anzeiger.
Un optimisme qui lui sera utile: le rapport remis vendredi au Parlement par le gouvernement prône, outre une réduction des effectifs à 80'000 militaires, un plafond des dépenses à 4,4 milliards par an.
Garder les Léopard
Pour faire face à cette coupe sèche, le ministre évoque aussi une remise en question de l'artillerie. "On peut vraiment se demander si, dans ce pays, l'artillerie peut encore tirer sans toucher nos propres hommes".
Les chars d'assaut Léopard, qui fonctionnent encore "très bien", le ministre y tient en revanche dur comme fer.
Un millier de postes en moins
Des économies sont possibles au niveau de l'administration, poursuit le ministre. Le secteur de la défense emploie actuellement quelque 9600 fonctionnaires. D'ici 10 ans, plus de 1000 postes pourraient être biffés.
Parallèlement, Ueli Maurer tente de dépassionner le débat sur la taille de l'armée: "Il ne faut pas trop se focaliser sur les chiffres, qui ne sont que des indicateurs". Des troupes moins importantes, mais bien équipées, assureraient une protection tout aussi efficace que de grandes troupes mal équipées et peu motivées.
Dans l'entretien, le conseiller fédéral aborde également la question d'un changement de département. Malgré les tâches douloureuses qui l'attendent en raison du programme d'économies, Ueli Maurer n'envisage pas de quitter le DDPS, à moins de "pressions massives". Or, son parti ne lui met pas cette pression, affirme le démocrate du centre.
Affaire du forcené de Bienne évoquée
Le conseiller fédéral Ueli Maurer critique par ailleurs les faiblesses de la police. Il estime que les forces d'intervention sont très vite dépassées, à l'exemple du cas de Bienne où un forcené a échappé durant près de dix jours au contrôle des forces de l'ordre. "Une demande de renfort a été déposée auprès de l'armée trois jours déjà après le début de cette affaire", relève le chef de la Défense jeudi. "Et ceci pour un homme de 67 ans dans le deuxième plus grand canton de Suisse", ajoute-t-il.
Ueli Maurer dit avoir rejeté la demande, estimant qu'il ne s'agissait pas d'une tâche relevant de son département, tout comme le soutien du corps de garde-frontière, la surveillance des ambassades, l'accompagnement des vols aériens et la recherche des personnes disparues à l'aide de caméras infra-rouge. Ce qu'elle fait malgré tout, poursuit-il.
Ueli Maurer plaide pour un renforcement des corps de police, une mission dont sont responsables les cantons. L'armée et la police élaborent actuellement conjointement un rapport sur la protection de la population.
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