Le coup est rude pour Frédéric Hainard, mais également pour les autres conseillers d’Etat. Monica Engheben quittera son poste de chancelière neuchâteloise le 31 octobre, mais elle avait témoigné début juillet devant la commission d’enquête parlementaire (CEP) instituée pour plancher sur l’affaire Hainard. Le dossier politico-judiciaire continue ainsi de peser comme une chape de plomb sur le canton de Neuchâtel.
Alors que le feuilleton politique ne cessait de rebondir au cours de l’été, la démission de la chancelière "pour des raisons personnelles" en est presque passée inaperçue. Et pourtant. Avant d'annoncer sa démission pour le 31 octobre, Monica Engheben a témoigné devant la CEP. Le procès-verbal de son audition, que la TSR s'est procuré, en dit long sur le malaise neuchâtelois.
Très lourdes accusations
Monica Engheben porte des accusations très lourdes à l’encontre du conseiller d’Etat Frédéric Hainard, qui serait à l’origine de nombreux "dysfonctionnements".
"Les mensonges et la mauvaise foi sont là depuis le début, signale la chancelière. C’est modifier les PV du Conseil d’Etat quand la décision ne l’arrange pas. C'est s’attaquer à des personnes quand on a un échec dans un dossier."
Mais ses déclarations n’épargnent pas non plus les autres membres du Conseil d’Etat: "Ce que le gouvernement n’a pas compris, c’est qu'il a une responsabilité vis-à-vis de l’administration, vis-à-vis du canton." Et la chancelière de s’interroger: "Des fois je me demande si le gouvernement gouverne et s'il y a quelqu'un à la barre." Les conseillers d’Etat sont par ailleurs accusés de "trop s’essuyer les pieds" sur les institutions.
Seize mois et puis s'en va
Première femme chancelière de l’histoire du canton, Monica Engheben quittera officiellement son poste fin octobre, seize mois seulement après sa nomination. Et ce, en pleine campagne électorale pour la succession de Frédéric Hainard.
De son côté, la commission d’enquête parlementaire, qui avait provisoirement interrompu ses travaux après la récusation de Patrick Erard, candidat écologiste à la succession du radical, vient de reprendre ses travaux. Et Neuchâtel n’en a sans doute pas fini avec les révélations douloureuses.
Ron Hochuli et Anne-Frédérique Widmann