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Du gaz naturel exploitable sous le lac Léman?

Le forage du puits a été semé d'embûches qui ont provoqué retards et surcoûts.
Le forage du puits a été semé d'embûches qui ont provoqué retards et surcoûts.
Le forage d'un puits pour rechercher des hydrocarbures sous le Léman est achevé à Noville (VD). Les spécialistes vont désormais tenter d'identifier le volume des traces de gaz décelées dans la structure géologique analysée. Les résultats seront connus au 1er trimestre 2011.

Pendant les travaux, de mi-décembre 2009 à début septembre 2010, une vingtaine de personnes ont gravité nuit et jour, sept jours sur sept sur la plate-forme. Grâce à l'énergie mécanique de la boue injectée dans la cavité, les ingénieurs ont foré plus de 5,5 km dans le sous-sol terrestre jusqu'à 4000 mètres de profondeur.

Le puits a été creusé depuis la terre ferme pour ne pas faire courir de risques inutiles au plus grand réservoir d'eau potable d'Europe, explique Philippe Petitpierre, vice-président de Petrosvibri, la filiale de Gaznat et de Holdigaz dirigeant les travaux. Une des opérations ne s'est toutefois pas déroulée sans mauvaises surprises.

En avril, à 4000 mètres de profondeur, la tête de forage est restée bloquée et n'a pu être récupérée. Il a fallu reculer de près de 1200 mètres pour incliner le puits dans une autre direction.

Un gros pépin si l'on sait que le forage avance à raison d'un à trois mètres par heure, qu'une journée coûte en moyenne de 90'000 à 120'000 francs et une tête de forage 1,3 million. Ce type d'incident s'est reproduit à deux reprises, engendrant retards et surcoûts. La facture sera par conséquent supérieure aux 25 millions devisés, note Philippe Petitpierre.

Volumes suffisants?

Au chapitre des bonnes nouvelles, l'ingénieur relève la présence de traces de gaz naturel à différentes profondeurs. Un pari qui n'était pas gagné d'avance, selon lui. Un forage effectué à Weiach (LU) n'avait par exemple pas permis de découvrir la moindre trace de méthane. Il s'agit maintenant d'en déterminer le volume. C'est dans le permo-carbonifère que les chances de découvrir la précieuse substance sont les plus grandes, soit entre 3000 et 4000 mètres de profondeur.

Les spécialistes estiment toujours à 20% les chances de trouver des hydrocarbures gazeux sous le lac, dans des quantités qui pourraient être significatives à l'échelle romande, voire nationale. Dans l'attente de la "radiographie" du sous-sol, un fluide de maintenance a été injecté dans le puits. Sinon ce dernier serait écrasé en moins d'une semaine par les mouvements puissants de la roche, explique Philippe Petitpierre.

La phase exploratoire devrait s'achever à la fin de l'année, les analyses aboutir durant le premier trimestre. La tour sera démontée d'ici la fin de l'année, la plate-forme courant 2011.

Plusieurs exploitations envisagées

Si elle ne tombe pas sur le jackpot, la société veveysanne a d'autres idées pour exploiter le forage. Au cas où les conditions géologiques le permettent, elle envisage de stocker du gaz dans la roche, à des fins de sécurité d'approvisionnement principalement. Cette opération permettrait à Petrosvibri de rentrer rapidement dans ses investissements.

A étudier également, la géothermie qui permettrait de récupérer la chaleur de l'eau pour en faire de l'électricité à partir de turbines. Enfin, l'entreprise entrevoit la possibilité de stocker du CO2 qui pourrait par exemple venir de la centrale à gaz projetée à Chavalon.

ats/os

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