Au total, une cinquantaine de chalets vont accueillir à Montreux les visiteurs dès dimanche à 16h et durant une semaine. Le Village de la Francophonie veut faire découvrir différentes facettes des pays qui composent ce vaste ensemble. Les exposants présenteront leur patrimoine, leur tradition culturelle ou leurs attraits touristiques.
Des associations et des organisations non-gouvernementales seront aussi de la partie. Amnesty International, la Fondation Hirondelle et les Fédérations cantonales de coopération, mais aussi l'Association de défense du français ou la Fédération suisse du scrabble, pour ne citer que ces exemples.
Une scène et 46 groupes
Une scène de 80 m2 permettra aussi de donner des concerts, des spectacles de danse, du théâtre, des arts de rue, le tout dans une ambiance aussi conviviale que possible. "Tous les créneaux sont occupés", se félicite Laurent Wehrli, municipal de Montreux et coordinateur général du Village de la Francophonie.
Pas moins de 46 groupes et artistes se produiront sous le marché couvert, en provenance d'Afrique, d'Arménie, de Roumanie, du Canada, de France, de Suisse. Vendredi, le Montreux Jazz Festival organisera la soirée et le samedi un apéritif sera offert à la population.
Parmi les absents, les Seychelles ne viendront pas pour cause de maladie grave de leur représentant et des enseignants français ont prié de les excuser parce qu'ils doivent participer à la grève.
70 chefs d'Etat et de gouvernement
Pour la première fois en 40 ans d'histoire de la Francophonie, la Suisse accueille la rencontre au sommet de 70 Etats et gouvernements qui la compose. L'événement, qui a lieu tous les deux ans, est l'un des plus grands rendez-vous internationaux que la Suisse ait jamais organisé: 70 chefs d'Etat et de gouvernement invités, au moins autant de ministres, ainsi que quelque 2000 délégués.
Entre trente et quarante chefs d'Etat et de gouvernement ont confirmé leur venue, selon le Département fédéral des Affaires étrangères. La liste officielle des participants ne sera dévoilée qu'en début de semaine. Mais le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre canadien Stephen Harper, dont le pays préside actuellement l'organisation, ont déjà fait savoir qu'ils seraient présents.
La Suisse, elle, sera représentée par la présidente de la Confédération Doris Leuthard et les conseillers fédéraux Didier Burkhalter et Micheline Calmy-Rey. La cheffe de la diplomatie helvétique présidera par ailleurs la conférence ministérielle qui précédera le Sommet, mercredi et jeudi, toujours à Montreux.
La Suisse présidente
Trois thématiques garnissent le menu des discussions: les relations internationales et la place de la Francophonie dans la gouvernance mondiale; les défis du développement durable, de la sécurité alimentaire et des changements climatiques; et la langue française et l'éducation dans un monde globalisé.
Le sommet devrait parvenir à une déclaration finale "qui n'excédera pas cinq pages", avait annoncé en juin le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie Abdou Diouf. Et elle devrait être "résolument engagée politiquement", avait-il promis.
La Suisse assurera la présidence du Sommet jusqu'en 2012, dans la foulée du Canada. Quant à Abdou Diouf, il devrait être réélu pour un troisième mandat de quatre ans à la tête de l'organisation.
Les Chambres fédérales ont accordé 30 millions de francs pour l'organisation du sommet, soit 5 millions de moins que ce que réclamait le gouvernement. Jusqu'à 5000 militaires seront engagés dans la ville lémanique pour assurer la sécurité de cette réunion.
ats/boi
"L'anglais par snobisme et par paresse"
A l'heure de la mondialisation, le rôle de la Francophonie se révèle plus important encore, estime son secrétaire général Abdou Diouf dans une interview à la veille du sommet.
L'organisation défend le français, mais surtout le plurilinguisme et la diversité culturelle. "Le monde ne peut être régi par une langue et une pensée uniques", relève l'ancien président sénégalais.
"La Suisse en est l'illustre exemple. Elle est un pays au multilinguisme assumé, emblématique de ce que représente la Francophonie en termes de diversité culturelle. La population, avec ses quatre langues, vit harmonieusement", juge Abdou Diouf.
Au moment où l'anglais prend toujours plus de place, l'Organisation internationale de la Francophonie doit veiller à ce que les langues ne meurent pas: elle doit parler et agir pour un monde multipolaire, souligne-t-il encore.
Evoquer un recul de la langue française le fait bondir: "Il y a 220 millions de locuteurs francophones dans le monde aujourd'hui, contre 200 quatre ans plus tôt, sans compter le nombre d'apprenants et de personnes souhaitant l'acquérir"l.
Selon lui, ce qui donne l'impression que la langue de Molière régresse, c'est son repli au sein des organisations internationales, où on privilégie l'anglais "par snobisme, par paresse intellectuelle".
40 ans d'existence
Fondée en 1970, l'Organisation de la Francophonie est née de la volonté de ses pères fondateurs, dont le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, de "mettre à profit le français au service de la solidarité, du développement et du rapprochement des peuples par le dialogue permanent des civilisations".
Parmi les points forts de son histoire, la création en 1984 de la chaîne de télévision francophone TV5, née de l'alliance de cinq chaînes publiques, dont la TSR. Devenue TV5Monde en 2001, la chaîne touche aujourd'hui 189 millions de foyers dans le monde.
L'OIF réunit aujourd'hui 70 Etats et gouvernements, 56 membres et 14 observateurs, soit plus du tiers des Etats membres des Nations unies.
En 2009, son budget annuel s'élevait à 120 millions de francs.
Membre à part entière de l'OIF depuis 1996, la Suisse est le quatrième bailleur de fonds de l'OIF avec une contribution annuelle de 6,4 millions de francs. Berne verse en outre une somme similaire pour le financement de TV5Monde.