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Criminels étrangers: mise en garde vaudoise

Philippe Leuba dénonce une initiative inapplicable et contre-productive. [KEYSTONE - CHRISTIAN BRUN]
Philippe Leuba dénonce une initiative inapplicable et contre-productive. - [KEYSTONE - CHRISTIAN BRUN]
Le canton de Vaud expulse le plus d'étrangers délinquants, mais octroie aussi le plus grand nombre de permis humanitaires en comparaison suisse, a affirmé lundi Philippe Leuba. Le conseiller d'Etat a mis en garde contre l'initiative de l'UDC génératrice d'illusions.

Le canton de Vaud mène une politique migratoire à la fois "stricte et ouverte", a déclaré Philippe Leuba, en charge du Département de l'intérieur. Stricte à l'encontre des étrangers qui ne respectent pas l'ordre juridique et ouverte envers ceux qui font l'effort de l'intégration.

Entre 2008 et le 30 septembre 2010, 373 personnes ont été renvoyées pour des motifs pénaux, a indiqué le ministre lors de son traditionnel point de situation sur la migration. Au niveau des décisions, 835 personnes ont fait l'objet d'une mesure de renvoi.

Autosatisfecit

En parallèle à cette attitude "responsable et rigoureuse", le canton prône "une politique humaine". "Nous sommes de loin le canton qui recourt le plus aux régularisations à titre humanitaire", a assuré Philippe Leuba. Vaud a reçu les "compliments" de l'OSAR (Organisation suisse d'aide aux réfugiés) à ce titre.

Sur 1240 demandes de régularisations à titre humanitaire et 816 requêtes finalement transmises à l'Office fédéral des migrations (ODM), 730 personnes ont obtenu un permis B. Avec 90% de dossiers qui aboutissent, c'est "un taux de réussite considérable", s'est félicité le libéral-radical.

Interrogé sur l'initiative de l'UDC demandant le renvoi des étrangers criminels, Philippe Leuba a clairement manifesté son désaccord avec ce texte soumis au peuple le 28 novembre. Il a souligné sa préférence pour le contre-projet, qui correspond "pratiquement" à la politique vaudoise.

Une initiative irréalisable

Avec son automatisme, l'initiative est contraire à l'ordre juridique. Elle va engendrer "des situations totalement insoutenables", a-t-il expliqué en donnant l'exemple d'une personne qui devrait être expulsée tout en étant malade d'un cancer. La renvoyer dans son pays, si celui-ci ne dispose des moyens pour la soigner, équivaudrait à "l'envoyer à la mort".

L'ordre juridique "repose sur une marge d'appréciation". Si l'initiative est acceptée, elle rendra "un mauvais service aux institutions". Elle créera également "une énorme illusion" et de "la frustration" au sein de la population qui ne verra pas son vote se concrétiser dans la réalité.

A cause de l'absence d'accords de réadmission avec des pays (Algérie, Nigéria, Gambie, Ethiopie, Erythrée), il est en effet impossible pratiquer certains renvois. Environ 650 personnes sont aujourd'hui dans cette situation sur sol vaudois.

ats/jeh

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