Le comité d'initiative a présenté lundi à Neuchâtel le texte exigeant que la population soit consultée sur le programme éolien. L'écologiste Franz Weber, président de la fondation Helvetia Nostra, a participé à la conférence de presse en signe de soutien aux auteurs du texte, pour lequel 4500 signatures étaient requises.
Présenté en août dernier par le Conseil d'Etat, le concept éolien neuchâtelois retient cinq sites susceptibles d'héberger une cinquantaine d'éoliennes. La capacité de production de 200 Gigawatt/ heure (GWh) correspond à la consommation électrique de 70% des 80'000 ménages du canton.
Motivations purement économiques
Pour Véra Zaslawsky, le Conseil d'Etat ne se soucie pas de l'avis de la population. Il préfère soutenir l'intérêt et les motivations purement financières des sociétés promotrices de l'énergie éolienne. Il ignore largement le décret approuvé en 1966 par le peuple neuchâtelois sur la protection des crêtes jurassiennes.
Président du comité d'initiative, Félix Gueissaz a rappelé la variété des arguments s'opposant à l'option éolienne au niveau suisse. Les auteurs de l'initiative veulent avant tout un débat public sur la question et une véritable pesée d'intérêts sur le caractère opportun de cette technologie.
Selon Félix Gueissaz, les éoliennes de plus de 100m de hauteur prévues les crêtes des Montagnes neuchâteloises fonctionneraient à 20% de leur capacité, contre 50% pour celles implantées en Mer du Nord. En effet, l'énergie éolienne ne peut être produite à la demande mais seulement en fonction des conditions météo.
Oiseaux et citoyens lésés
L'impact écologique des hautes machines mues par le vent n'est pas non plus acceptable, en particulier pour l'avifaune, a poursuivi Félix Gueissaz. En outre, les sites naturels choisis pour les implantations se transforment rapidement en zones industrielles nécessitant la construction d'infrastructures et de voies d'accès.
De son côté, le peuple neuchâtelois propriétaire des crêtes ne profitera pas de la manne énergétique confiée à des entreprises et réseaux commerciaux privés situés hors du canton et mis au bénéfice d'une concession. Félix Gueissaz a déploré à ce sujet l'attitude de promoteurs des cantons de Neuchâtel, Vaud et Fribourg.
Il a souhaité l'instauration d'un débat national sur l'énergie éolienne, alors que le projet neuchâtelois est le plus important prévu en Suisse à ce jour. Selon lui, il est douteux qu'on puisse défigurer un patrimoine paysager au nom d'un apport énergétique marginal, très inférieur aux possibilités d'économie d'énergie.
ats/jeh
Une initiative extensible à tout le pays
La fondation Helvetia Nostra, présidée par Franz Weber, n'hésitera pas au besoin à lancer une initiative fédérale contre le développement anarchique des projets éoliens, a déclaré l'écologiste.
Selon lui, il est inacceptable de détruire des kilomètres carré de patrimoine paysager et culturel pour un concept énergétique discutable.
Les possibilités pour l'éolien en Suisse représentent tout au plus 2% à 3% de la consommation totale d'énergie, a indiqué pour sa part Véra Zaslawsky, secrétaire de l'association des Amis du Mont-Racine, à l'origine de l'initiative.
Selon elle, l'éolien est un alibi servant à masquer un potentiel élevé d'économie d'énergie.