Parmi les nombreux thèmes sur la table, la défense du français dans les organisations internationales a été "très longuement évoquée". Cette question tient particulièrement à coeur au secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, qui "pousse à fond" pour que la langue de Molière soit davantage utilisée dans ces cercles.
L'objectif est que tous les ressortissants de la Francophonie utilisent le français dans les organisations internationales. Des "pactes linguistiques" doivent être signés dans ce sens samedi lors du sommet par le Liban, les Seychelles et Sainte-Lucie. Les quelque 70 chefs d'Etat et de gouvernement réunis fixeront également des caps à ce sujet dimanche, à la fin du sommet.
Trois grandes thématiques
La question rejoint la première thématique au menu à Montreux, à savoir "Les relations internationales et la place de la Francophonie dans la gouvernance mondiale". Les deux autres sont "Les défis du développement durable, de la sécurité alimentaire et des changements climatiques", et "La langue française et l'éducation dans un monde globalisé".
Le sommet doit parvenir à une déclaration finale, également examinée mercredi par les ministres, qui sera annoncée dimanche. Le texte "illustrera" le thème général de cette année, "Défis et visions d'avenir pour la Francophonie", 40 ans après la fondation de l'OIF, a indiqué Ousmane Paye, le conseiller spécial d'Abdou Diouf.
Défense des droits humains
La conférence ministérielle, qui s'achève jeudi, a également passé en revue cinq projets de résolution. Ceux-ci seront transmis aux chefs d'Etat et de gouvernement. Ces résolutions sont en lien avec le but du sommet de Montreux, à savoir faire le point sur les engagements de Bamako, pris en 2000, qui mettaient l'accent sur la défense des droits humains et démocratiques.
L'une concerne les crises dans les pays de la Francophonie, dont la Guinée, le Niger et Madagascar. "Il s'agit d'évaluer les actions menées par la Francophonie dans ces contextes", a précisé Ousmane Paye. Les autres résolutions traitent de la solidarité avec Haïti, du terrorisme, mais aussi des faux médicaments et de la criminalité transfrontalière.
Une diversité nécessaire
Dans la matinées, la cheffe de la diplomatie suisse Micheline Calmy-Rey a donné le coup d'envoi de cette conférence, dont elle est la présidente. Le sommet de la Francophonie a "la capacité d'influer" sur les grandes questions politiques mondiales avant une série de rencontres importantes, a-t-elle rappelé.
"Cette réunion est importante dans sa substance, substance qui se retrouve en conséquence dans l'agenda avec les questions de sécurité alimentaire, de changements climatiques, de gouvernance mondiale et bien sûr, de promotion et de la pluralité linguistique", a ajouté la ministre.
Pour Micheline Calmy-Rey, la francophonie est une enceinte essentielle dans un monde globalisé et incarne un "pluralisme de langue, de culture, de manières de penser". "C'est très important dans le monde d'aujourd'hui, dans un monde globalisé de ne pas avoir un seul standard, un seul mode de pensée, un seul mode de parler", a-t-elle insisté.
Les ministres des affaires étrangères de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) se rencontrent chaque année pour assurer la continuité politique entre les sommets, qui ont lieu tous les deux ans.
agences/sbo
Tables rondes et discussions
Organisé pour la première fois en Suisse, le sommet de cette année réunit quelque 70 chefs d'Etat et de gouvernement. Il fournira l'occasion de contacts informels en marge des discussions.
Côté suisse, outre la cheffe du DFAE, la présidente de la Confédération Doris Leuthard et le ministre de l'intérieur Didier Burkhalter seront présents.
Elément novateur cette année, un programme d'accompagnement thématique est proposé dès jeudi aux participants et au public intéressé.
Au total une douzaine de thèmes seront traités dans le cadre de tables rondes et de conférences, tels que "Le français et les langues africaines dans l'éducation: concurrence ou complémentarité?" ou "La gouvernance internationale du sport - un enjeu également francophone".
Anglicismes inutiles: le Jura lutte
Le canton du Jura entend apporter sa contribution à la sauvegarde du français. Le parlement a adopté mercredi sans opposition une loi visant à favoriser l'usage du français. L'Etat devra éviter l'usage de termes étrangers s'il existe un équivalent en français.
La loi sur l'usage de la langue française le charge d'édicter des recommandations afin d'éviter le recours à des anglicismes "inutiles" ou "choquants". "Il ne s'agit pas de traquer les anglicismes", a souligné la ministre de la formation et de la culture Elisabeth Baume-Schneider. Il n'y a pas de mesures coercitives.