Bertrand Delanoë s'est livré à une véritable déclaration d'amour envers la Suisse, en ouvrant l'assemblée générale de l'AIMF, l'Association Internationale des Maires francophones. Le président de l'AIMF, qui est aussi le maire de Paris, a souligné à Lausanne "l'importance de la Suisse, peuple que nous aimons".
Dans la famille francophone, "vous nous êtes indispensables, je veux en témoigner ici", a poursuivi le maire de Paris. "J'espère que vous tenez à la Francophonie autant que nous tenons à vous".
"Toi mon très cher Daniel", a-t-il lancé en s'adressant à Daniel Brélaz, syndic de Lausanne, avant de longuement loué "l'efficacité" de son action au sein du réseau des maires francophones, qui est réuni deux jours au Learning Center de l'EPFL, en parallèle au Sommet de la Francophonie de Montreux.
Plus globalement, Bertrand Delanoë n'a pas caché son inquiétude face "au vent mauvais" qu'il sent souffler dans le 21ème siècle. Par "notre mélange, notre vivre ensemble", la Francophonie doit être "le rempart contre le poison idéologique qui est le rejet de l'autre", a martelé Bertrand Delanoë, sous les applaudissements des quelque 400 maires francophones réunis sur le campus universitaire.
Liberté de se déplacer
Le maire de Paris a souligné aussi l'importance de la thématique retenue pour l'Assemblée générale: villes et universités au service du développement local. "C'est un lien profond" au service du génie humain, de la transmission du savoir et de la recherche.
Pour réussir ce développement entre universités et villes, il faut toutefois que les étudiants et les enseignants-chercheurs puissent voyager librement. Il n'est pas admissible que des pays mettent des barrières "infranchissables" pour ces personnes qui doivent pouvoir se déplacer aujourd'hui dans le monde entier.
Pas de pauvreté durable
Premier interlocuteur de la cérémonie, Daniel Brélaz a fait part de son côté de quelques réflexions nées d'un récent voyage en Chine, dont la rapidité du développement l'a vivement impressionné. "Il n'y a pas de raison que quiconque soit enfermé dans une notion de pauvreté durable", a-t-il déclaré pour marquer son attachement aux réalisations concrètes entreprises par les maires francophones, à leur capacité de mettre des connaissances et des dynamiques en commun.
Président de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Patrick Aebischer a abondé dans le sens de Daniel Brélaz. Il a rappelé l'initiative RESCIF qui débouchera dès l'année prochaine sur la mise en réseau de 14 universités francophones dans des pays développés et émergents.
ats/bri
Les ministres ont bien travaillé
La conférence ministérielle de la Francophonie s'est achevée à la mi-journée. Micheline Calmy-Rey en a tiré jeudi un bilan "très positif". Les ministres ont approuvé à l'unanimité un projet de déclaration finale, qui sera examiné par le sommet avant d'être rendu public dimanche.
Près d'une dizaine de projets de résolution vont en outre être soumis aux chefs d'Etat et de gouvernement qui se retrouveront ce week-end à Montreux. "Ces projets sont le résultat de nombreux compromis et amendements", a précisé la cheffe de la diplomatie suisse.
Ils portent sur le bilan des engagements pris à Bamako en 2000 concernant la défense des droits humains et démocratiques, les situations de crise dans l'espace francophone (en particulier la Guinée), l'aide à Haïti après le séisme, les faux médicaments, la criminalité transfrontalière, la piraterie et le terrorisme. Les thèmes sont similaires à ceux débattus à l'ONU, mais le climat est plus serein, a relevé Micheline Calmy-Rey.
La conférence a aussi réaffirmé son engagement de défense du français au sein des organisations internationales.
Une presse "en état de siège"
Réuni de mardi à jeudi à Cully (VD) en marge du sommet de la Francophonie, le Cercle des journalistes francophones a dressé un tableau sombre de l'indépendance de la presse. "Partout les pressions économiques et politiques sont fortes, souvent même impitoyables allant jusqu'à l'emprisonnement. Et dans les démocraties les mieux établies, les tentatives de corruption, sous forme de publicité camouflée, sont extrêmement nombreuses", écrit l'association suisse des journalistes francophones.
"Nous sommes en état de siège", a lancé un participant. Dans son rapport annuel publié lundi, Reporters sans frontières (RSF) épinglait le gouvernement français, jugé peu respectueux de la liberté d'information.
La réunion de Cully a aussi décidé d'instituer à Genève un "observateur des langues", journaliste, chargé d'analyser les usages du français en vigueur dans les organisations internationales.