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Bernard Rappaz ne sera pas alimenté de force

Bernard Rappaz devant sa ferme à Saxon (VS), le 29 juillet dernier.
Bernard Rappaz "a le droit de disposer de sa vie", selon les HUG.
Bernard Rappaz, en grève de la faim, ne sera pas alimenté de force par les Hôpitaux universitaires genevois (HUG). L’établissement, qui reconnaît être placé devant un dilemme, a indiqué vendredi à la TSR vouloir respecter la volonté du chanvrier valaisan et les principes de l'éthique médicale.

Nourrir de force Bernard Rappaz, transféré jeudi au quartier carcéral de l'hôpital de Genève en état d’hypoglycémie, serait "contraire à la déontologie médicale", selon Hans Wolff, médecin-chef de l'Unité de médecine pénitentiaire de Genève et vice-président de la Conférence des médecins pénitentiaires suisses.

"Toute personne a le droit de disposer de sa vie pour autant qu'elle ne soit pas soumise à des pressions et qu'elle soit capable de discernement", argumente le médecin. Dans une telle situation, le libre arbitre du patient doit primer.

Décision "difficile"

Pour Hans Wolff, l'hôpital genevois est placé devant un dilemme. "Respecter la volonté d’un individu de le laisser mourir est une décision difficile", explique-t-il. Mais alimenter quelqu'un de force est un acte "d’une violence importante". Le patient doit dans certains cas être attaché, voire endormi contre son gré, ce qui contrevient à l’éthique médicale.

Transféré jeudi au quartier carcéral de l'hôpital de Genève dans un état "extrêmement faible", selon son ami Boris Ryser, Bernard Rappaz a passé un total de 170 jours non consécutifs sans alimentation. Il conteste une peine de 5 ans et 8 mois pour violation grave de la loi sur les stupéfiants et d'autres faits. Les HUG n’ont pas souhaité s’exprimer sur son état de santé actuel.

Benjamin Keller

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Les médecins suisses opposés au Tribunal fédéral

L'Académie suisse des sciences médicales et sa Commission centrale d'éthique, la Fédération des médecins suisses (FMH), la Conférence suisse des médecins pénitentiaires et d'autres groupements de médecins suisses ont publié le 29 septembre une déclaration commune dans laquelle ils contestent l’avis du Tribunal fédéral du 26 août dernier autorisant l’alimentation forcée.

Mon Repos estime en effet que "l’autorité d’exécution des peines doit ordonner une alimentation forcée quand il s’agit du seul moyen d’éviter les lésions irréversibles ou la mort".

Les médecins suisses jugent quant à eux que cette décision est en "contradiction absolue avec les
principes de l’éthique médicale", dont fait notamment partie "le respect de la volonté des patients et de leur autonomie".