Pour Georg Lutz, de l'Université de Lausanne, cette évolution témoigne d'un nouveau "Kulturkampf". Il s'est exprimé lors de la présentation de cette étude vendredi à Berne.
Celle-ci a été réalisée au Centre de compétences suisse en sciences sociales de l'Université de Lausanne, dans le cadre des enquêtes "Selects" menées depuis 1995 par diverses hautes écoles suisses. Elles visent notamment à analyser la structure des votants ou la façon dont ceux-ci migrent d'un parti à l'autre.
Traditions électorales modifiées
Le comportement des électeurs et le choix d'un parti sont de plus en plus marqués par un conflit. Celui-ci oppose les partisans des traditions et du repli isolationniste aux défenseurs d'une ouverture sociale et politique.
En arrière-plan se retrouve le clivage socio-économique classique avec la querelle portant sur l'influence de l'Etat et de l'économie. Les milieux politiques traditionnels ont de fait perdu en importance, ainsi le PS pour la classe ouvrière, le PLR pour la bourgeoisie et le PDC pour les catholiques.
Ce nouveau "Kulturkampf" réunit chez les Verts et au PS des spécialistes de la question socio-culturelle, tels les enseignants ou les travailleurs sociaux. Ceux-ci s'engagent pour une meilleure intégration des étrangers ou pour une ouverture politique et sociale.
Valorisant les traditions et se méfiant d'une politique d'ouverture, l'électorat des ouvriers, des employés des services ou de l'industrie se retrouvent au sein de l'UDC. Même si ce parti se bat contre un renforcement de l'Etat social qui pourtant profite le plus aux "petites gens".
Le potentiel des Verts
Les libéraux-radicaux et les démocrates-chrétiens peinent à se mettre en évidence dans ce conflit culturel, ont expliqué Daniel Oesch et Line Rennwald de l'Université de Lausanne, respectivement de Genève. Mais de tous les partis, ce sont les Verts qui ont bénéficié du potentiel le plus important lors des élections fédérales de 2007.
Près de la moitié des votants pouvait envisager de choisir ce parti. Mais les Verts n'ont toutefois profité que d'un cinquième de ce réservoir, ont noté Pascal Sciarini de l'Université de Genève et Daniel Bochsler de la Central European University de Budapest. Les Verts intéressent d'abord les jeunes, lesquels participent moins aux élections. Les autres formations politiques disposent d'une marge un peu plus faible, de l'ordre de 40 à 45%, mais sont susceptibles de mieux l'exploiter: l'UDC à presque trois quarts, le PS à 43%.
es ténors des partis - avant tout de l'UDC, du PS et des Verts défendent d'habitude des positions plus extrêmes que leur électorat. Un constat établi par Philipp Leimgruber, Dominik Hangartner et Lucas Leemann des universités de Berne, Washington et Columbia à New York. Les partis ne pâtissent pas de ce fossé, au contraire. Souvent, l'électorat vote pour des candidats défendant des positions plus extrêmes qu'eux-mêmes ne prônent pas. Ils espèrent ainsi que ces partis mèneront certaines revendications dans la bonne direction.
ats/cab
Les élections fédérales sur internet
A un an des élections fédérales du 23 octobre 2011, l'Office fédéral de la statistique (OFS) a actualisé son cyberdossier.
Il contient une statistique des élections au National depuis 1919 avec des résultats plus détaillés pour le dernier scrutin de 2007. Une place importante est aussi consacrée aux élections cantonales survenues depuis.
L'offre est complétée par les résultats des élections au Conseil des Etats et une page consacrée aux femmes en politique.
Le portail www.ch.ch/wahlen2011 sera quant à lui enrichi tout au long de l'année électorale par des informations et des anecdotes concernant le scrutin.