Après vingt ans de vaches maigres, il est l'heure de "réaliser un tournant". L'Union syndicale suisse (USS) exige surtout l'introduction de salaires minimums. A la mi-janvier, l'USS lancera une initiative populaire à ce sujet. Celle-ci devrait conduire à des salaires plus équitables, également dans les secteurs qui ne connaissent pas de négociations salariales à l'heure actuelle, relève l'USS. Les hausses de salaires devront être marquées mais surtout générales.
Lors des négociations, l'organisation syndicale demandera par ailleurs des augmentations correspondant au renchérissement et à une productivité croissante, ainsi que l'introduction de salaires fixes pour remplacer les bonus des cadres supérieurs.
Interdire les licenciements syndicaux
Selon l'USS, la partie des salaires supérieure au million devra être soumise à l'impôt sur les bénéfices. Il faudra reverser le produit de ce dernier aux ménages dont les revenus sont modestes ou moyens.
L'USS veut ainsi interdire les licenciements anti-syndicaux. Avec fermeté, les 225 participants au congrès à Berne ont demandé de mieux protéger les représentants syndicaux, dont les licenciements ont nettement augmenté durant la dernière crise, selon l'organisation faîtière.
Le Conseil fédéral s'est certes saisi de la question mais son projet, en procédure de consultation jusqu'à mi-janvier, ne va pas assez loin, a dit à l'ATS Peter Lauener, porte-parole. Dans sa réponse, l'USS demande de renforcer les sanctions contre les employeurs qui prononceraient des licenciements abusifs. Une loi permettant le réengagement de représentants syndicaux ainsi licenciés est également nécessaire, selon lui.
Plusieurs atouts dans sa manche
Si les efforts entrepris devaient échouer, les congressistes ont chargé l'USS de lancer une proposition de loi au Parlement ou une initiative populaire sur la protection des représentants syndicaux. "Nous sommes convaincus que le fait de punir par un licenciement des personnes courageuses dérange la population", a dit Peter Lauener.
Parallèlement, l'USS envisage de relancer sa plainte auprès de l'Organisation internationale du Travail (OIT). "Nous nous sentons confortés dans nos efforts par l'OIT", a déclaré le président de l'USS Paul Rechsteiner dans son discours de clôture. L'organisation internationale a déjà clairement établi que le droit suisse était insuffisant en la matière, a précisé le Saint-Gallois.
Dans la foulée, les congressistes ont adopté un document sur la politique économique. Après vingt années de vaches maigres, c'est désormais l'heure de réaliser un tournant, écrit l'USS dans un communiqué. Ce papier réclame notamment le plein emploi et de bonnes conditions de travail.
ats/os
Paul Rechsteiner réélu pour un 4e mandat
Le congrès de l'USS a aussi élu à l'unanimité samedi Paul Rechsteiner pour un quatrième mandat à la présidence de l'USS. Huit membres du comité, dont trois nouveaux, dirigeront l'organisation aux côtés du conseiller national saint-gallois de 58 ans.
Dans son discours de clôture, ce dernier a estimé que la devise du congrès - "Des salaires décents, des rentes suffisantes !" représente la modernisation sociale dont la Suisse a besoin. C'est aussi "l'antidote au poison néo-libéral de l'extrême inégalité distributive administré durant près de deux décennies".
Résolutions diverses
Diverses résolutions ont encore été votées. Par 70 voix contre 69, les congressistes attendent que l'USS soutienne un éventuel référendum contre le refinancement des caisses de pensions publiques que le Parlement devrait décider en décembre.
Trois autres résolutions ont été adoptées. Elles demandent de réguler de manière plus stricte la place financière pour éviter de nouvelles crises, de combattre le franc fort et la spéculation ainsi que d'améliorer les mesures d'accompagnement, en particulier contre les faux indépendants.
Deux propositions en faveur de la conversion écologique et sociale ont également passé le cap du congrès.