Longtemps indécis, le débat a finalement tourné à l'avantage de la gauche, soutenue par l'Alliance du centre et une partie des radicaux. La droite s'est élevée en vain contre "un habile échafaudage de Pierre-Yves Maillard". L'entrée en matière a été votée par 74 voix contre 52 et 3 abstentions.
La création de PC pour les familles a suscité les plus vives échanges. L'UDC, la majorité des radicaux et les libéraux unanimes ont critiqué "une extension du filet social distributeur de rentes" et un "transfert de charges inacceptable vers l'économie".
Dérive inacceptable
Les employeurs, les indépendants et les salariés payeront une cotisation paritaire de 0,06% pour financer ces PC familles. "Les entreprises sont déjà passées à la caisse pour plus de 100 millions ces dernières années. On allège le Revenu d'insertion en chargeant les patrons et les employés", a relevé l'UDC Pierre-Yves Rapaz.
"Il faut stopper cette dérive inacceptable. L'économie et les salariés en ont ras-le-bol. Ces derniers ont l'impression de bosser pour ceux qui ne font pas grand chose et c'est très dangereux pour la paix sociale", a ajouté le libéral Jean-Marie Surer.
Sortir de l'aide sociale
Par un exemple chiffré, le conseiller d'Etat Pierre-Yves Maillard a montré les limites du régime actuel de protection sociale. "C'est ce système qui dissuade les gens de travailler", a-t-il dit. Les PC familles s'inscrivent dans une politique pragmatique qui vise à sortir durablement de l'aide sociale ceux qui s'y trouvent. "Ces PC sont une aide inférieure de près de 30% au Revenu d'insertion. Mais la grande force du système, c'est que le bénéficiaire peut y ajouter son propre revenu: il incite véritablement au travail", a expliqué le conseiller d'Etat.
Un système similaire a fait ses preuves au Tessin, où le taux de recours à l'aide sociale est inférieur de moitié à celui du canton de Vaud.
ats/cht
Un "phénomène de masse"
Autrefois marginale, l'aide sociale est devenu un "phénomène de masse", selon le conseiller d'Etat Pierre-Yves Maillard.
Elle concerne plus de 4% de la population active vaudoise et grimpera à 8 à 10% d'ici 10 ans si on ne fait rien, a-t-il ajouté, rappelant l'importance des mécanismes de solidarité.
En fin de débat, le conseiller d'Etat a évoqué un père de famille qui avait dû se résoudre à aller demander le Bouton d'or - ancêtre de l'aide sociale vaudoise - après avoir travaillé pendant 25 ans. "Cette personne, c'était mon père", a-t-il déclaré.