Publié

La peine de Bernard Rappaz pas interrompue

Bernard Rappaz aux abords de sa ferme de Saxon (VS) en uillet 2010. [reuters / denis balibouse]
Bernard Rappaz, ici dans sa ferme de Saxon en juillet 2010, est en grève de la faim depuis 78 jours maintenant. - [reuters / denis balibouse]
Bernard Rappaz, qui est au plus mal en raison de sa grève de la faim prolongée, reste en prison. Le Tribunal cantonal valaisan a débouté le chanvrier valaisan qui recourait contre une décision d'Esther Waeber-Kalbermatten qui refusait d'interrompre l'exécution de sa peine.

Le Tribunal cantonal valaisan a rejeté le recours du chanvrier contre une décision du 3 novembre dernier de la conseillère d'Etat. Le Tribunal cantonal estime que la grève de la faim de l'agriculteur n'est pas un motif suffisamment grave. Aba Neeman, avocat de Bernard Rappaz, a indiqué jeudi déposer immédiatement un recours auprès du Tribunal fédéral, assorti d'une demande de mesure provisionnelle. Le défenseur espère obtenir un arrêt domiciliaire dans l'attente de la décision.

La vie du chanvrier est en danger

"Il est en effet juridiquement possible, comme l'a jugé le Tribunal fédéral, d'obliger les médecins qui suivent le recourant à alimenter de force ce détenu", a expliqué jeudi dans un communiqué le Tribunal cantonal valaisan. Il a donc maintenu l'obligation qu'il avait imposée à l'un de ces médecins par une mesure provisionnelle du 5 novembre dernier.

Cette décision intervient alors que la vie du chanvrier, en grève de la faim depuis 78 jours, est menacée. La semaine dernière, les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ont refusé de l'alimenter de force, comme le demandait Esther Waeber-Kalbermatten, pour des raisons d'éthique médicale.

Le chanvrier, âgé de 57 ans, a été condamné en novembre 2006 à une peine de 5 ans et 8 mois de réclusion pour trafic de chanvre et pour des délits économiques. Le Grand Conseil valaisan doit se pencher le 18 novembre prochain sur sa demande de grâce.

Appel du sociologue Gabriel Bender

L'affaire suscite la controverse en Valais: dans une prise de position publiée jeudi par le quotidien "Le Temps", le sociologue valaisan Gabriel Bender appelle les conseillers nationaux PDC Christophe Darbellay, écologiste Ueli Leuenberger, radical Jean-René Germanier et socialiste Stéphane Rossini à trouver une "solution élégante et inédite" à cette situation. "La vie d'un homme est entre vos mains".

"Empêchez Rappaz d'affamer Bernard, car s'il meurt, c'est un certain Valais qui aura tué un Valais certain. Ce jour-là, nous serons tous à la fois meurtriers et meurtris. Nous serons les victimes et les complices, ne laissez donc pas Rappaz continuez cette danse macabre...", écrit encore Gabriel Bender, après avoir qualifié en préambule le chanvrier valaisan de "voyou" et de "délinquant cultivateur de marijuana". Son appel vient s'ajouter à de nombreux autres points de vue de politiciens, médecins et autres spécialistes (lire ci-contre).

ap/ats/hof


LES HUG ETUDIENT LA FAISABILITE D'UNE ALIMENTATION FORCEE

Bernard Rappaz est hospitalisé à Genève depuis plusieurs semaines. [Salvatore Di Nolfi / Keystone]
Bernard Rappaz est hospitalisé à Genève depuis plusieurs semaines. [Salvatore Di Nolfi / Keystone]

Le Tribunal cantonal valaisan a ordonné aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) de nourrir Bernard Rappaz de force, sous peine de sanction. Les HUG prennent acte et examinent la faisabilité de cette décision de justice sur les plans juridique, médical et éthique.

L'obligation d'alimenter le chanvrier contre son gré a été notifiée par le Tribunal cantonal aux médecins des HUG vendredi dernier dans le cadre d'une mesure provisionnelle. Elle a été confirmée par le Tribunal cantonal dans un arrêt daté du 10 novembre.

Contactés jeudi par l'ATS, les HUG indiquent avoir pris acte en début de semaine de l'injonction des autorités valaisannes de procéder à la nutrition forcée de Bernard Rappaz. Pour l'heure, ils "examinent la faisabilité de cette décision sur les plans juridique, médical et éthique."

Publié

De nombreux appels à la clémence

Politiciens, médecins, spécialistes, ils sont au fil des jours plus nombreux à donner publiquement leur avis sur "l'affaire Rappaz". A l'instar du sociologue Gabriel Bender, certains demandent une interruption de peine ou une grâce pour éviter la mort du détenu valaisan en grève de la faim depuis 78 jours.

Le médecin et conseiller national Jean-Charles Rielle a poursuivi sa croisade en faveur de Bernard Rappaz dans les colonnes du dernier Matin Dimanche: "Nous devons nous battre pour qu'elle garde son papa", a-t-il souligné en parlant de l'adolescente qui rendait visite à son prisonnier de père.

Après Jean-Charles Rielle, c'est l'ancienne politicienne Verte Anne-Catherine Menétrey-Savary qui a adressé une lettre ouverte à la cheffe du département valaisan de la sécurité Eshter Waeber-Kalbermatten pour demander une suspension de peine. "Aujourd'hui, j'ai le sentiment que s'il (Bernard Rappaz) venait à mourir maintenant, ce serait une catastrophe pour tout le monde. Pour lui et ses proches, pour vous, pour la justice, et pour nous tous qui suivons de loin ce bras de fer insupportable", écrit Anne-Catherine Menétrey-Savary.

Sur les ondes de la Radio suisse romande, c'est l'ancien politicien Peter Bodenmann qui a demandé, lui aussi, une interruption peine. "Il faut un peu de pragmatisme et un peu moins de rigueur", plaide l'ancien président du parti socialiste suisse.

Quant à Philippe Roch, ex-directeur de l'Office fédéral de l'environnement, il demande aux députés valaisans d'accorder leur grâce à Bernard Rappaz. Le Grand Conseil statuera sur le sort du chanvrier à huis clos, le 18 novembre.