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Bernard Rappaz pas gracié par le Parlement valaisan

Bernard Rappaz est rentré chez lui dans sa ferme de Saxon. [Jean-Christophe Bott]
Le chanvrier ne retrouvera pas la liberté grâce au Grand Conseil. - [Jean-Christophe Bott]
Bernard Rappaz n'a pas trouvé grâce auprès des députés valaisans. Le Grand Conseil valaisan a balayé jeudi la requête du chanvrier. Une nouvelle échappatoire disparaît pour le gréviste de la faim qui a désormais dépassé les 80 jours consécutifs de jeûne. Il est toujours hospitalisé à Genève où les médecins refusent de l'alimenter de force.

La demande de grâce de Bernard Rappaz a été rejetée jeudi après-midi par 113 voix contre 14 après un débat à huis-clos. Cette décision était attendue, la grève de la faim de Bernard Rappaz étant très mal perçue dans le canton et assimilée à un chantage par les Valaisans.

Le groupe UDC a proposé de ne pas entrer en matière sur la demande de grâce. Il n'était pas question, pour lui, "de se soumettre aux conditions qu'un condamné de droit commun entend imposer aux élus du peuple", a communiqué jeudi l'UDC du Valais romand. "Bernard Rappaz a démontré toute son arrogance en conduisant une grève de la faim - ou prétendue telle - jusqu'à décision sur sa requête de grâce. La pression (on pourrait même parler de chantage) est manifeste et surtout inacceptable". Visiblement, le reste des députés a suivi.

Débats nourris

Les débats ont été nourris mais sereins, a indiqué Jean-François Copt lors d'une brève conférence de presse organisée à l'issue des débats à huis clos. Le président du Grand Conseil s'est refusé à tout commentaire sur les positions défendues par les députés, soulignant simplement que "chacun a voté en son âme et conscience".

Durant les débat, l'ambiance était plutôt électrique devant le bâtiment abritant le Grand Conseil valaisan à Sion. De très nombreux journalistes et photographes étaient sur place, battant la semelle sous une pluie fine. Des policiers en civil et en uniforme surveillaient les alentours. Ils ne laissaient rentrer personne dans le bâtiment tant que la séance n'était pas terminée. Sur le parvis, des partisans de Bernard Rappaz avaient installé un squelette et une petite banderole : "Justice assassine / Politique complice".

Condamné en 2006

Condamné en 2006 à une peine de 5 ans et 8 mois de réclusion pour trafic de chanvre et pour des délits économiques, l'agriculteur de Saxon (VS) juge sa peine trop lourde. Il a entamé une grève de la faim à son entrée en prison en mars dernier. Hospitalisé à Genève, puis à Berne, le chanvrier a par la suite pu regagner provisoirement sa ferme de Saxon, suite à une décision de la conseillère d'Etat valaisanne Esther Waeber-Kalbermatten.

Bernard Rappaz attendait comme une dernière chance la décision du Grand Conseil valaisan, après s'être vu débouter à plusieurs reprises par la justice valaisanne et par le Tribunal fédéral.

agences/cab

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Grève de la faim pas interrompue

L'avocat de Bernard Rappaz est très déçu de la décision du Grand Conseil valaisan. Il affirme que son client continuera la grève de la faim.

"Bernard Rappaz ne se faisait guère d'illusion sur la décision du Grand Conseil sur son recours en grâce mais il gardait tout de même espoir et il est très déçu. C'est un coup dur de plus pour lui", a indiqué Aba Neemann jeudi à l'ATS.

Démoralisé, le chanvrier met ses derniers espoirs dans les démarches à venir de son avocat. Me Neeman compte demander une nouvelle interruption de peine, d'abord auprès du département valaisan de la justice, dès le recours des HUG déposé au Tribunal fédéral.

Selon le défenseur, ce recours des HUG prouvera que les médecins ne procéderont pas à l'alimentation forcée de Bernard Rappaz. Dès lors, rien, sauf une interruption de peine, ne pourra empêcher le risque d'atteinte grave à la santé de son client.

Pour Esther Waeber-Kalbermatten, cheffe du service valaisan de la sécurité, Bernard Rappaz tient son avenir entre ses mains.

La conseillère d'Etat ne commente pas le vote du Grand Conseil. Pour elle, la situation est douloureuse pour tout le monde et la solution passe par Bernard Rappaz. "Nous avons tout tenté. J'attends maintenant qu'il mette un terme à sa grève de la faim", a-t-elle indiqué à l'ATS.

La cheffe du département valaisan de la sécurité assure qu'elle restera inflexible quant à une nouvelle interruption de peine.