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Affaire libyenne: la presse se montre très sévère

Hans-Rudolf Merz et Micheline Calmy-Rey [Peter Klaunzer]
Hans-Rudolf Merz et Micheline Calmy-Rey ainsi que tout le gouvernement en prend pour son grade. - [Peter Klaunzer]
"Un gouvernement incapable, qui fait honte à la Suisse", "bonjour les charlots", "une faillite collective". Les critiques de la presse envers le Conseil fédéral samedi, au lendemain de la publication du rapport parlementaire sur la gestion de la crise libyenne, sont virulentes.

Le rapport de la commission de gestion du Conseil des Etats "dévoile
le visage d'un gouvernement incapable, qui fait honte à la Suisse. Cour d'école,
république bananière ou club de pétanque? On ne sait trop", écrit la "Tribune
de Genève". Le "Blick Online" abonde dans le même sens: "Une
honte sur 98 pages", titre le quotidien alémanique.

Merz le "danger public"

"Un scénario
digne des Charlots", relève pour sa part "Le Matin" sur son site
internet. Et le quotidien orange de lâcher: "Sauf qu'on n'est pas dans une
comédie franchouillarde des années 70, mais à Berne en l'an 2010 et qu'il y a
de quoi avoir peur".

Intrigues et mensonges Un "cafouillage" également
souligné par "Le Quotidien Jurassien": "Le Conseil fédéral était
non seulement mal préparé pour faire face à une telle crise, mais il s'est lui-même
pris les pieds dans le tapis des intrigues et des mensonges". Revenant sur
les reproches à l'égard de Hans-Rudolf Merz, la "Tribune de Genève" qualifie
l'ancien conseiller fédéral de "danger public". Quant à Micheline
Calmy-Rey, "elle a travaillé seule, pour elle et contre ses collègues".


"Merz et Leuenberger son partis à la retraite, et Micheline CalmyRey
serait bien inspirée d'en faire de même au terme de son année présidentielle, fin
2011", note "La
Liberté", dont l'édito est repris dans "L'Express"
et "L'Impartial".

Aucune unité

"Au-delà des manquements
individuels, le rapport dénonce surtout une faillite" du Conseil fédéral
in corpore, observe le journal fribourgeois. La faute autant à une culture
départementale poussée à l'extrême qu'à la polarisation politique, qui
transforme les collègues en concurrents". Pour l'éditorialiste de "La Liberté", le fiasco
libyen impose une réflexion sur un changement du système "en réduisant la
concordance à des partis prêts à collaborer".

Une conclusion que n'est pas
loin de partager "Le Temps" qui constate que ce qui manque à ce
gouvernement, c'est avant tout "la cohésion et l'esprit de corps", des
qualités qui ne se décrètent pas.

Réformes nécessaires

Sur l'avenir justement, la
commission n'a pas formulé de propositions: les corrections proposées relèvent
à peine de la cosmétique, considèrent le "Tages-Anzeiger" et le "Bund".
L'organe de surveillance a opté pour une attitude "très docile" en
émettant des critiques finalement peu audibles et enrobées de "recommandations
juridiques bien pesées", écrit la "Basler Zeitung". Un résultat
irritant mais assez compréhensible sachant que l'affaire Kadhafi n'est pas
encore close.

L'affaire libyenne révèle la même image que
le dossier UBS, constate de son côté le "St. Galler Tagblatt". Le
Conseil fédéral apparaît, en période tumultueuse, comme un groupe de meneurs
qui se méfient les uns des autres. Et la "Neue Zürcher Zeitung" d'établir
également une comparaison avec l'affaire UBS: l'issue positive contraste avec
une gestion insuffisante et une communication misérable en période de crise. Le
système collégial avec une répartition des responsabilités montre ses limites
en situation extraordinaire, note le quotidien zurichois.

ats/cab

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