Une socialiste reprend ainsi le flambeau de l'ancien président, passablement controversé en raison de ses liens avec UBS, son ancien employeur. L'appartenance politique n'a néanmoins jamais été en question durant la procédure de sélection, a assuré la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf devant la presse.
Spécialiste des banques et du blanchiment d'argent
Anne Héritier Lachat a elle aussi tenu à souligner sa "complète indépendance à l'égard du Parti socialiste suisse". Il s'agit d'une orientation personnelle de longue date, a-t-elle expliqué. Âgée de 60 ans, Anne Héritier Lachat est membre du conseil d'administration de la FINMA depuis 2008. Auparavant, elle exerçait au sein de l'ancienne Commission fédérale des banques.
Cette professeur de droit bancaire et financier à l'Université de Genève quittera l'enseignement à la fin du premier trimestre 2011. Dès janvier, elle renoncera aussi à ses activités d'avocate indépendante.
La nouvelle présidente de la FINMA est une spécialiste des banques et du blanchiment d'argent, a argumenté la ministre des finances. "Elle est très forte aussi dans les questions de régulation". Et de citer sa vaste expérience, sa capacité d'argumentation poussée et la valeur qu'elle accorde à une bonne collaboration entre les responsables de la surveillance financière.
Crédibilité à restaurer
Le Conseil fédéral est persuadé d'avoir choisi une personnalité compétente, courageuse, indépendante et n'ayant aucun lien qui pourrait poser problème, a dit Eveline Widmer-Schlumpf. Corollaire de cette indépendance, la tête de la FINMA sera désormais en mains d'une personne qui ne connaît pas le monde des grandes banques de l'intérieur.
Un président ne peut pas réunir à lui tout seul toutes les qualités, raison pour laquelle le conseil d'administration doit être composé de membres variés, a estimé Anne Héritier Lachat. "A ma connaissance, la FINMA accomplit ses tâches correctement", a-t-elle répondu à la question de savoir si sa nomination pourrait restaurer la crédibilité de l'autorité de surveillance. A ses yeux, il est important que cet organe soit reconnu comme indépendant. "J'ai l'impression qu'il y a encore des progrès à faire de ce côté-là".
ats/jzim
Réactions plutôt réservées
La nomination d'Anne Héritier Lachat à la tête de la FINMA par le Conseil fédéral n'est pas surprenante pour le monde financier. Banquiers, assureurs et economiesuisse attendent de la nouvelle présidente du conseil d'administration un sens de la mesure.
Par la voix de son directeur Pascal Gentinetta, economiesuisse dit attendre de Anne Héritier Lachat la recherche de solutions pragmatiques et une régulation mesurée. Selon lui, la nouvelle présidente de la FINMA passe pour une "experte" dans son domaine.
L'association suisse des banquiers (ASB) salue également le choix du Conseil fédéral et demande un engagement "encore plus fort" dans la régulation internationale en faveur de la place financière suisse. La branche exige en outre une claire séparation des compétences entre la FINMA, le Département fédéral des finances et la Banque nationale suisse. Cette dernière avait revendiqué la semaine dernière des compétences accrues en matière de régulation.
De son côté, l'Association suisse d'assurances attendait à la tête de la FINMA quelqu'un qui connaît non seulement les banques mais également les assurances, ce qui est le cas, selon sa porte-parole. La branche sera confrontée dès le 1er janvier à de nouvelles règles de capitaux dans le cadre du Swiss Solvency Tests (SST), dont la FINMA doit encore définir la mise en oeuvre définitive.
Du côté des partis politiques, les réactions sont plutôt réservées. Le secrétaire général de l'UDC Martin Baltisser et son homologue du PLR Stefan Brupbacher constatent néanmoins qu'il manque à la nouvelle présidente de la FINMA une expérience d'entreprise ainsi qu'un réseau international.
Le PDC se réjouit qu'une femme accède à la haute surveillance de la place financière. Sa porte-parole Marianne Binder attend néanmoins de Anne Héritier Lachat autant d'indépendance de sa part face au PS que vis-à-vis des marchés financiers.
Enfin, le PS, dont la nouvelle présidente de la FINMA est membre, salue le choix du Conseil fédéral, qui s'est porté "sur une juriste très compétente". Cela ouvre la possibilité de marquer un signe très clair d'indépendance face à la place financière, écrit-il dans un communiqué.