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La violence liée aux armes est en baisse en Suisse

L'étude de l'OFS est publiée moins de 2 mois avant la votation sur l'initiative "pour la protection face à la violence des armes".
L'étude de l'OFS est publiée moins de 2 mois avant la votation sur l'initiative "pour la protection face à la violence des armes".
Ces dernières années, les décès dus aux armes à feu ont baissé de manière constante en Suisse, de 466 en 1998 à 259 en 2008. Sur les 259 décès de 2008, 239 sont des suicides, a indiqué mardi l'Office fédéral de la statistique (OFS).

Les suicides à l'aide d'une arme à feu ont baissé dans la même proportion, passant de 413 en 1998 à 239 en 2008. Cela alors que le nombre total de suicides restait relativement stable, de l'ordre de 1300 à 1400 personnes chaque année.

Pour la première fois avant une votation fédérale, l'OFS a élaboré un dossier qui présente des statistiques sur le thème du vote, en l'occurrence l'initiative "pour la protection face à la violence des armes", soumise au scrutin le 13 février.

Les armes de poing dominent

Il ressort de ce dossier que les armes de poing sont souvent utilisées pour commettre des violences, selon la statistique de la criminalité 2009, établie pour la première fois en mars dernier. Ces chiffres se réfèrent aux dénonciations et non aux condamnations, précise l'OFS, car la statistique des condamnations pénales ne fournit pas de données sur l'instrument de l'infraction.

Sur 236 homicides ou tentatives d'homicides perpétrées en 2009, 55 l'ont été à l'aide d'une arme à feu. Dans 47 cas, c'est une arme de poing, pistolet ou revolver, qui a été utilisée, dans les autres, différents fusils ou armes longues. Ces 55 délits avec arme à feu ont fait 24 morts, dont 23 avec une arme de poing.

Armes d'ordonnance peu utilisées

En outre, on a dénombré en 2009 524 cas de lésions corporelles graves, dont 11 avec armes à feu. Et sur les 3530 brigandages recensés l'an dernier en Suisse, 416 ont été perpétrés avec une arme à feu.

Quant aux suicides par arme à feu, ils ont encore baissé par rapport à 2008 (de 18% à 17%). La statistique de la criminalité détaille aussi le type d'arme utilisé: une arme de poing dans 55% des cas, une arme longue dans 24%. Seuls 8% des désespérés ont utilisé une arme d'ordonnance, pistolet (3%) ou fusil d'assaut (5%).

Tant les partisans de l'initiative "pour la protection face à la violence des armes" que les opposants prennent connaissance avec satisfaction du recul du nombre de morts. Mais ces chiffres ne changent rien à leurs arguments.

Pour et contre

Pour Andrea Sprecher, du comité d'initiative, la baisse des décès montre que le nombre d'armes disponibles dans les ménages diminue avec la baisse des effectifs de l'armée. Que seuls 8% des suicides soient le fait d'une arme d'ordonnance en 2009, n'est pas un argument, selon elle: "Si l'on peut éviter 20 morts, nous devons le faire".

Selon Hans-Peter Wüthrich, du Comité interpartis contre l'initiative sur les armes, faire un lien entre la possession d'armes et la fréquence des homicides et suicides n'est que de la spéculation. Selon lui, le fait que le nombre de décès recule alors que la densité d'armes est restée à peu près identique montre que les détenteurs se comportent de manière responsable.

ats/os

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Statistiques sur le suicide détaillées

L'OFS s'est également penché sur le long terme, collectant les données des années 1995 à 2008.

"Le suicide par empoisonnement, qui inclut le suicide assisté et les médicaments, a progressé ces quinze dernières années en Suisse au détriment d'autres méthodes", a expliqué à l'ATS Christoph Junker, de l'OFS.

Ainsi, l'empoisonnement représentait 30% des suicides en 2008, contre 17% en 1995.

Deuxième méthode privilégiée en Suisse, la pendaison (23% en 2008/27% en 1995), devant les armes à à feu (18%/ 28%).

Les "autres méthodes de suicide" sont restées stables durant ce laps de temps, à 29% environ.

Les femmes préfèrent nettement l'empoisonnement (46%) et elles ne sont que 1,8% à utiliser une arme à feu. En outre, 13% se pendent et 39% choisissent une autre méthode. Chez les hommes, la pendaison domine (28%) avec les armes à feu (27%), devant les "autres méthodes" (23%) et l'empoisonnement (21%).

Les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes à se donner la mort, respectivement 861 contre 452 en 2008. Une proportion restée relativement stable entre 1995 et 2008, même si l'on note une légère tendance à la baisse chez les hommes et à la hausse chez les femmes.