"Ce qui marche dans d'autres pays, ne marche pas, ou mal à Haïti. La situation initiale est très difficile", a fait remarquer jeudi à Berne Walter Ruegg, président du Conseil de fondation de la Chaîne du Bonheur, au cours d'une conférence de presse.
Les projets avancent, mais à petits pas. L'un d'entre eux "a par exemple été retardé parce qu'on n'avait pas trouvé de bons clous. C'est anecdotique, mais emblématique de la situation", a pour sa part relevé Alain Geiger, responsable du département projets de la Chaîne du bonheur.
Après une première période consacrée à des projets d'aide d'urgence, la Chaîne du Bonheur soutient désormais principalement des projets de reconstruction, "avec une perspective de durabilité", a souligné Alain Geiger. Il s'agit non seulement de reconstruire des bâtiments, mais aussi de remettre sur pied des écoles ou des cliniques. L'engagement est prévu pour une période de 5 ans ou plus. ¨
Respecter les normes sismiques
Expert en construction de la Direction du développement et de la coopération (DDC), Heiner Gloor a lui insisté sur le besoin de former les Haïtiens à construire des bâtiments respectant les normes sismiques. En effectuant une évaluation des dégâts après le séisme, il a indiqué n'"avoir jamais vu des matériaux de construction d'aussi mauvaise qualité".
En 2010, les ONG suisses se sont surtout concentrées sur les zones rurales dans la région de l'épicentre du séisme, avant tout au sud-ouest de Port-au-Prince. Elles n'ont été que peu actives dans la capitale, où la reconstruction ne sera possible qu'après des travaux préparatoires (déblaiement, plan cadastral, etc.) de la part des autorités.
Outre ses projets de reconstruction, la Chaîne du Bonheur débutera cette année des projets d'aide économique et de formation. "Le mandat de la Chaîne du Bonheur consiste à aider à passer de l'aide d'urgence à l'aide au développement", a précisé Alain Geiger.
L'aide face à la réalité
Il a toutefois rappelé les limites de l'aide humanitaire qui, selon lui, "dépend clairement" de la force de l'Etat. "On va aider à reconstruire des bâtiments plus sûrs, à donner des conditions de vie plus humaines, mais on ne va pas sortir Haïti de la pauvreté", a-t-il insisté.
Les quelque 44 millions de dons en réserve seront affectés à d'autres projets des organisations d'entraide partenaires de la Chaîne du Bonheur. Une marge est toutefois gardée pour des imprévus, comme l'épidémie de choléra qui a débuté en octobre et à laquelle 800'000 francs ont déjà été alloués.
Le montant de la collecte pour Haïti est le troisième plus important depuis que la Chaîne du Bonheur est devenue une fondation en 1983. En tête de liste, le tsunami de 2004 avait permis de récolter 227 millions de francs, et la catastrophe de Gondo en l'an 2000, 74 millions.
ats/cer