Une trentaine de personnes sont concernées par la demande de l’avocat. Via cette action en justice, il espère ainsi "sauvegarder les intérêts du peuple tunisien" (écouter l'interview ci-contre). Sa requête demande aussi l'émission de mandats d'arrêt internationaux contre 3 personnes, soit l'ancien président Ben Ali et son épouse, Leila Trabelsi, ainsi que l’ancien ministre de l’Intérieur tunisien Rafik Bel Hadji Kacem.
Le MPC a confirmé la demande et indiqué avoir reçu une deuxième dénonciation pénale, sans préciser qui l'avait déposée. "Le MPC confirme avoir reçu lundi deux dénonciations pénales tendant au blocage d'avoirs tunisiens qui auraient été déposés en Suisse par la famille ou des proches du Président Ben Ali", a indiqué sa porte-parole Walburga Bur."Les dénonciations sont en cours d'examen", a-t-elle ajouté.
Selon Ridha Ajmi, "Plusieurs membres de la famille présidentielle ont pu fuir de Tunisie avec beaucoup d'argent. Leila Ben Ali s'est embarquée, le 14 janvier, avec 1,5 tonne d'or dans son avion".
Mesures provisionnelles
Concrètement, il demande au pouvoir judiciaire suisse d’ouvrir une enquête préliminaire pour déterminer si l'argent ou les propriétés dont ils disposent leur appartiennent où s'ils appartiennent au peuple tunisien. Si cela appartient au peuple, "il est normal que celui-ci puisse en disposer".
Cette requête est importante, puisqu’elle délie les mains du Ministère public de la Confédération. Celui-ci pourrait en effet désormais entreprendre des démarches auprès des banques pour demander des mesures provisionnelles et le blocage des comptes.
Lettre à Zappelli
Les actions pour obtenir un blocage des avoirs se multiplient en Suisse. L'Association des Tunisiennes et Tunisiens en Suisse a demandé au procureur général de Genève Daniel Zappelli de bloquer les fonds que Zine el Abidine Ben Ali et sa famille auraient déposés dans des banques de la place.
Une lettre a été envoyée lundi au magistrat. Dans ce courrier, rédigé par l'ancien conseiller d'Etat genevois et avocat Christian Grobet, l'Association des Tunisiennes et Tunisiens en Suisse souligne l'urgence de la démarche.
Selon elle, "il y a tout lieu de croire" que l'ancien potentat tunisien a placé "des fonds délictueux dans des établissements bancaires" en Suisse. M.Grobet, dans sa lettre, affirme qu'un neveu de Zine el Abidine Ben Ali serait venu à Genève lundi "pour prendre des mesures quant aux fonds bancaires des membres de la famille Ben Ali". Pour l'avocat, le blocage de ces biens, s'ils existent, s'impose, dans l'attente d'une demande d'entraide judiciaire émanant de Tunisie.
Tunis n'a toutefois adressé pour l'heure aucune demande d'entraide judiciaire à Berne concernant les fonds éventuels de l'ex-président tunisien en Suisse, a indiqué lundi Folco Galli, porte-parole de l'Office fédéral de la justice (OFJ). Tunis n'a pas encore lancé de procédure pénale contre l'ex-président, ce qui est une condition à l'émission d'une demande d'entraide judiciaire..
RSR/Frédéric Pfyffer/ad